Captain Tsubasa, une revue 30 ans plus tard🔗

Posted by Médéric Ribreux 🗓 In blog/ Vie-courante/

#fun #anime #childhood

Logo de Captain Tsubasa
Logo de Captain Tsubasa

C'est fou ce que la vie me présente comme flashbacks pendant cette grande période de confinement qui semble s'éterniser. L'an dernier, je faisais la redécouverte de "Ken le survivant" en VO. J'avais bien apprécié l'histoire. Pour la fin de l'année 2020, je me suis mis à un anime qui a marqué mon enfance, pas si bien que ça à vrai dire, mais que j'ai aimé redécouvrir, avec un regard d'adulte.

J'ai enfin pris le temps de regarder l'intégrale de la série Captain Tsubasa en VO, mieux connue en France sous le nom (farfelu quand on a regardé la série, mais finalement pas tant que ça quand on l'a regardée en entier) d'Olive et Tom.

Captain Tsubasa ou Olive et Tom, c'est quoi déjà ?

Ah, ne pas introduire la série serait un sacrilège pour toi lecteur car, peut-être que tu n'étais né à cette époque. Captain Tsubasa, c'est l'histoire en plus de 120 épisodes des aventures sportives d'un jeune garçon japonais nommé Tsubasa Ozora (Olivier Atton en français) qui joue au football (le vrai, celui qui se joue uniquement avec les pieds). La série retrace son parcours depuis l'école primaire où il réussi à fédérer les derniers du classement dans une équipe qui parvient à défaire un peu tout le monde au fur et à mesure de la progression des épisodes.

Il fait face à d'autres joueurs ou personnages qui ont chacun leurs caractères et leur histoire:

L'histoire retrace le parcours d'Olivier, de l'école primaire au lycée, en passant par la sélection nationale japonaise. On y trouve des affrontements entre équipes, des liens d'amitié qui se tissent, des rebondissements, des actions toujours spectaculaires.

Voilà pour le résumé assez neutre. Passons maintenant à la critique…

Qu'est-ce-que j'avais gardé comme image à l'époque ?

Je dois dire que j'ai été agréablement surpris malgré des souvenirs assez désastreux lors de la diffusion de la série, vers la fin des années 80 sur cette chaîne qui n'a pas laissé un meilleur souvenir dans nos têtes, si ce n'est le fait de voir mourir une chaîne de télévision en direct, chose assez atypique depuis que la télévision avait été lancée en France. Je veux parler, bien entendu de feu La Cinq.

En 1988, date de la première diffusion d'Olive et Tom, j'avais 10 ans. Bien entendu, il n'y avait pas de replay donc si tu n'étais pas présent au bon moment, c'était fichu, il fallait demander aux gens qui l'avaient vu ce qui s'était passé. Et en plus de ça, il faut aussi que vous vous souveniez que La Cinq n'était pas diffusée partout en France ! Avec le recul, ça paraît fou mais, à l'époque, c'était relativement courant et surtout bénin. On n'avait pas accès à tout, tout le temps et ça ne nous faisait rien.

J'ai dû voir les premiers épisodes d'Olive et Tom pendant les vacances, en dehors du Pas-de-Calais. Et puis, j'ai pu aussi me taper la rediffusion sur TF1 dans le fameux Club Dorothé, en 1991.

L'image que j'en avais gardé c'était une série certes atypique mais assez ennuyeuse et complètement farfelue au niveau de la qualité de jeu des joueurs. Pensez-donc, on avait des joueurs de CM2 capables de taper assez fort dans le ballon pour déchirer le filet des buts ! Ou encore, des glissades qui n'en finissaient pas et des effets de ballons liftés que même Zidane ne peut pas faire. Très clairement au niveau du sport, il y avait quelque-chose d'irréaliste.

Je me souviens encore que le tempo des matchs était à mourir de lenteur. Tu avais l'impression que les joueurs mettaient facilement 20 minutes à passer d'un coin du terrain à l'autre. Ça semblait si lent, si long. On avait bien le temps de tout voir certes mais les matchs pouvaient aussi s'étaler sur plusieurs épisodes. On avait aussi l'impression que les joueurs passaient leur temps à courir sur le terrain, au ralenti.

Si en plus on saupoudre l'épisode avec 1 rappel de 5 minutes de ce qui c'est passé dans l'épisode précédent, 1 coupure pub à mi-parcours, 1 minute pour rappeler ce qui s'est passé avant la pub et 5 minutes à la fin pour faire du teasing (chose courante à l'époque à la télé déjà), on finissait par mourrir de fatigue et à se lasser. Très clairement, c'est ce qui m'est arrivé. A 13 ans, j'avais déjà d'autres choses à faire (comme essayer de coder mais aussi de faire quelques point'n click célèbres). C'est tout ça que j'ai gardé dans ma mémoire.

Alors pourquoi regarder Captain Tsubasa avec cette mauvaise impression , après tout ? Et bien, malgré ces choses pas terribles, il restait des passages sympathiques, les personnages étaient marqués et puis, à la fin, il reste l'envie de savoir qui va vraiment gagner, comme dans toute retransmission de match. Aussi, quand j'ai eu l'opportunité de revoir cette série en VO, je m'y suis engouffré allègrement.

Finalement, c'est quoi Captain Tsubasa ?

Que dire de Captain Tsubasa en VO en 2020 ? Et bien plutôt des bonnes choses finalement. A condition de respecter les règles suivantes:

D'abord que j'ai appris avec stupeur que la série est sortie en 1983 au Japon. Du coup, je l'ai aperçue 8 ans après sa sortie. Et pourtant, elle m'avait déjà semblé mieux aboutie au niveau du dessin que d'autres séries diffusées finalement après. Donc au final, ce n'était pas, contrairement à ce que je pouvais croire, une série du début des années 90 mais des années 80. Quel choc ! Révélateur de la qualité du produit finalement.

Ensuite, il y a très clairement dans la langue japonaise quelque-chose de très dynamique, très sec, presque aggressif, qui tranche avec l'expression souvent un peu molle de la traduction française. Et ça, ça modifie complètement la perception qu'on peut avoir des personnages. On les sent plus déterminés mais aussi plus dans l'épique ou dans la mélancolie. C'est très tranché suivant les sentiments et ça donne une saveur incomparable avec la traduction. D'une manière générale, je vous invite à visionner les anime en VO, ça changera votre perception.

Ce qui change profondément avec la version française, c'est qu'on n'a pas du tout l'impression de s'ennuyer alors que les matchs ont la même durée qu'en VF. Je crois avoir compris pourquoi. Dans la version en VO, le commentateur des matchs (qui est tout le temps le même narrateur d'ailleurs) parle tout le temps. Il y a toujours une action en cours qui mérite un commentaire. En VF, il y a souvent de longs silences ou des traductions plus courtes (ce qui amène au silence). Ça fait une sacré différence. Donc, en VO on s'ennuie moins à regarder Captain Tsubasa qu'en français.

Ce qui m'a aussi profondément marqué, c'est la complexité des personnages que je n'arrivais pas à percevoir quand j'étais enfant (et peut-être aussi à cause de la version française). En effet, même si c'est du foot, ce qui est sans doute le plus affectueux dans Captain Tsubasa, c'est la manière dont interagissent les personnages entre eux. Ils passent souvent d'une adversité qui déclenche un conflit a une amitié profonde après avoir réglé leurs comptes et être allés jusqu'au bout de leur démarche. Par exemple, on voit qu'à la fin de la série, Tsubasa et Kojiro arrivent à se serrer la main, à accepter leur position respective et à aller au delà de l'opposition qui semblait implacable sur près des 2/3 de la série. C'est aussi ce qui s'est produit au début entre Genzo et Tsubasa. Ça donne l'idée que deux oppositions peuvent finalement réussir à s'unir pour le meilleur d'une équipe et ça donne une image plus sereine de la société nippone des années 80.

Même s'il est établi que Captain Tsubasa met fortement en avant des personnages en action individuelle (Kojiro avec son physique fonceur, Ken Wakashimazu le guardien ninja, Tarō Misaki le coéquipier de génie, etc.), il n'en reste pas moins que le jeu d'équipe est souvent mis en avant. Par exemple, dans plusieurs matchs, l'équipe de Tsubasa (Nankatsu), après avoir épuisé les meilleurs joueurs de tête, compose un jeu d'équipe qui lui permet de venir à bout des situations les plus complexes. C'est le cas aussi pour l'équipe de Toho dans la dernière partie de la série. Que dire, lorsque 3 défenseurs se placent devant le shoot de Kojiro pour tenter de le bloquer. Dans Captain Tsubasa, on a donc un bon mélange entre éclats individuels et jeu collectif. Ce n'est pas ce qui m'avait marqué à l'époque et je vois que je m'étais trompé finalement.

Un autre point d'intérêt de la série c'est que les personnages principaux font preuve d'une détermination à toute épreuve. Ils ont parfois quelques doutes mais, dans tous les cas, ils s'y mettent à fond, même quand la machine déraille. Le plus révélateur, c'est la posture de Kojiro, déterminé à battre Tsubasa, par tous les moyens. On voit qu'il y consacre toute son énergie et son attention et que, malgré les nombreux échecs, il donne tout, jusqu'au bout. A vrai dire, je crois que tous les personnages se donnent à fond dans toute la série et ça rend les matchs plus absolus mais aussi plus intéressants. On a une recette qu'on retrouve également dans Saint Seiya où les personnages ne renoncent jamais. Je crois que c'est un marqeur des animes de cette époque et ça fait du bien de voir ça à l'écran: ça donne du courage pour soi-même.

C'est pareil pour le rêve de Tsubasa (de gagner le championnat pour aller au Brésil avec Roberto). Rien ne le fera renoncer à ça, pas même les blessures physiques. Que dire lorsque finalement c'est Roberto qui considéra qu'il n'a plus grand chose à lui apporter et qui fuira le Japon à la fin du match ? Malgré cette déception, Tsubasa ne renoncera pas au football.

Passons maintenant à la partie un peu plus négative du sujet. Commençons d'abord par les grandes envolées de football. Très clairement, avec le recul, ça correspond à une vision très nippone et très manga des choses. Oui, ce n'est pas réaliste de voir un enfant de 10-12 ans capable de crever un ballon en tirant sur la barre supérieure d'une cage de but. Oui, c'est surréaliste de voir qu'un enfant de 14 ans peut protéger une cage de but en exécutant des figures que le meilleur des gymnastes du monde ne parviendrait pas à faire. Mais, même si ça reste irréaliste, c'est révélateur de la sur-enchère nippone sur le cours de la vie. On retrouve ça dans tous les grands mangas et Captain Tsubasa reste un manga, un produit de l'imagination où tout ce qui est physique est exacerbé. Avec le recul, je crois que c'est ce qui donne du caractère à la série. S'il n'y avait eu ces grands gestes, ce serait finalement un banal match de football aussi ennuyeux que ceux qu'on peut voir dans la vraie vie. Oui, j'assume totalement le fait de dire que sur 90 minutes de match de foot, on peut en extraire uniquement les 5 minutes télégéniquement utiles et que tout le reste n'a que peu d'intérêt.

Enfin, comme toute série qui dure dans le temps (Captain Tsubasa est livré de 1983 à 1986 à raison d'un épisode par semaine), on rencontre des épisodes de rétrospective qui n'ont aucun intérêt quand on regarde la série à un rythme plus soutenu (1 ou 2 par jour). Par exemple, les derniers épisodes qui ont lieu après le dernier match entre Toho et Nankatsu n'ont pas vraiment d'intérêt sinon de pouvoir se dire au revoir. Tout au long de la série, on assiste à quelques-uns de ces épisodes de flashback, composés uniquement de reprises des anciens épisodes. C'est parfois génant mais facile à contourner en 2020 avec l'avance rapide !

A propos du titre

Ah, c'est la grande polémique de la série VF. Pourquoi avoir appelé ça "Olive et Tom" ? Le mythe c'est de croire que les importateurs français de l'époque n'ont regardé que les premiers épisodes qui montrent l'affrontement entre Tsubasa Ozora (Olive) et Genzō Wakabayashi (Tom).

Car en effet, Genzō disparaît pratiquement de la série après seulement une vingtaine d'épisodes. L'autre partie de l'histoire se concentre plus rapidement sur l'affrontement entre Tsubasa et Kojirō. Et cette adversité va durer jusqu'à la fin de la série. On aurait pu appeler ça "Olive et Mark", ça aurait semblé plus logique. Pourtant Mark n'apparaît qu'après les épisodes avec Wakabayashi. Peut-être alors que le titre français optimal aurait pu être "Capitaine Olivier" ou "Capitaine Atton".

Mais en fait, quand on regarde la série dans son intégralité, avec le recul, le titre d'"Olive et Tom" ne semble pas sonner si faux que celà. Car oui, Ozora et Genzo s'affrontent au début mais rapidement, ils finissent par jouer dans la même équipe (contre Kojiro). Ils finissent par devenir de grands amis et partenaires même si Genzo part faire son entraînement en Europe, en Allemagne (de l'Ouest à l'époque). Ils restent toujours en contact et finissent par jouer ensemble en sélection nationale plusieurs fois (contre Karl-Heinz Schneider par exemple). Ce qui fait que Genzo est toujours plus ou moins présent dans la série, beaucoup au début et plus en filigrane après. Mais toujours là, toujours évoqué.

Avec ce constat qui ne peut apparaître qu'en regardant l'intégralité des épisodes, on peut finalement dire que le titre de la traduction française n'était peut-être pas si mal choisi que ça… … De toute manière, "Olive et Tom" restera dans la postérité.

Que vaut la bande son ?

La BO est assez sympathique, tantôt très dans l'action, tantôt dans la mélancolie, toujours dans le rock japonais des années 80, dans le rythme du ballon qui avance. Elle m'avait déjà marqué à l'époque, je m'en souvenais encore près de 30 après alors que je n'étais pas un grand fan.

Des fois, quand je pars courir, j'aime bien me remettre quelques musiques d'action dans les oreilles. Ça me donne du courage pour tenir le rythme alors que mes poumons flambent et que mon coeur va exploser.

Vous pouvez l'écouter sur Youtube, sans filtre et bien sûr utiliser l'excellent youtube-dl pour garder cette musique en offline.

Conclusions

J'ai bien aimé regarder Captain Tsubasa en VO. Clairement, un bien meilleur manga que dans mes souvenirs d'enfant. A l'inverse de Ken le survivant, on peut le conseiller à tous les enfants qui savent lire rapidement les sous-titres. Parce que oui, il faut vraiment le regarder en VO pour en comprendre la subtilité et pour s'attacher aux personnages qui sont très nombreux et qui ont tous un rôle important à jouer.

Un détail qui ne trompe pas, c'est la continuité de la série et du manga. Oui, en 2020, il y a encore du contenu nouveau sur Captain Tsubasa qui sort dans les médias. Par exemple, en 2020, on a eu livraison d'un nouveau jeu vidéo basé sur la série. Je crois que c'est le signe indéniable de son succès auprès du grand public.

D'un point de vue personnel, j'ai été assez surpris en bien de passer du temps sur cette série de mon enfance. Tout adulte que je puisse être, me replonger dans ce passé, dans cette vision déjà éprouvée du monde restera toujours un moment agréable.