250km en vélo en une journée...🔗

Posted by Médéric Ribreux 🗓 In blog/ Vintage-Velo/

#bike

Tout fin juin 2023, j'ai réussi mon pari de faire 250km en une journée en vélo. J'avais complètement oublié d'en parler alors que c'était mon challenge sportif de l'année 2023.

Jusqu'ici, le plus long que j'avais fait, c'était 210km (ramenés à 180km après vérification) en 2010, le long de la loire à vélo.

Pour atteindre cette distance, je me suis entraîné progressivement. J'ai choisi une cible avec l'excellent logiciel de planification brouter.de qui permet assez facilement de déterminer la route la plus adaptée à votre objectif. Bien entendu, comme je considère que rouler à vélo c'est avant tout pour ne pas se déplacer autrement, j'ai établi un itinéraire aller-retour de 125km.

Voici mon parcours qui n'a rien de secret:

J'ai trouvé une route sympa qui va d'Angers jusqu'aux alpes mancelles et je suis revenu en une seule journée. Ça m'a pris environ 13h en comptant les pauses. La date du 25/06/2023 n'était pas choisie au hasard: c'est très proche du solstice d'été, soit la journée avec la durée du jour la plus longue. L'intérêt, c'est de savoir que même si on a un incident, on aura de la lumière jusqu'à tard dans la journée.

Pour l'entraînement, j'ai commencé à rouler 75km sur mon itinéraire, aller-retour. Puis le week-end d'après, je suis passé à 100km (50km A/R). Le week-end suivant, j'ai augmenté de 25km. Jusqu'à atteindre les 250km. Le tout en 8 sessions d'entraînement (soit 1300km au total quand même).

L'intérêt de procéder ainsi, c'est que pendant l'entraînement, on apprend à connaître la route. Parce que même si j'ai un GPS sur mon téléphone, ça pose plusieurs problèmes. Le premier c'est que ça bouffe énormément de batterie d'utiliser un smartphone avec un écran tout le temps allumé (pour indiquer la carte) et avec le GPS activé. Je dois avoir moins de 10h d'autonomie en partant avec une batterie chargée à 100%, et ce, avec l'écran à peine visible. Ensuite, utiliser un GPS, c'est chiant: il faut toujours regarder l'écran pour savoir où on va et on exclue complètement l'aspect mémoire géographique. Donc pendant les sessions d'entraînement, je n'allumais le GPS que pour les 25 nouveaux kilomètres. Ceux d'avant, je finissais par les savoir par coeur. Croyez-moi sur parole, faire un parcours en GPS et faire le même parcours en "vol à vue", c'est complètement différent. Dans le premier cas, je suis incapable de vraiment savoir où je suis. Dans le deuxième cas, je peux refaire le parcours en fermant les yeux, dans ma tête.

Et sinon, qu'en est-il de l'effort et des sensations ? Alors, ce que je peux dire, c'est qu'en vélo au long court, finalement, ce qui a le plus d'impact, ce sont les conditions météo. Un peu de vent de face ou une bonne pluie ou une chaleur trop importante et c'est deux fois plus dur qu'en temps normal. Lors de l'avant dernière session d'entraînement, je me suis tapé un orage en forêt pendant 50 minutes. J'étais trempé mais surtout immobilisé devant un évènement climatique majeur.

Pour la session du jour J, je me suis tapé 32°C de soleil dans la tronche toute la journée, avec aucun nuage. J'ai réussi à m'en sortir en m'inondant le visage et le buste d'eau toutes les 30 minutes. Avec la vitesse de déplacement, on a une sensation de frais pendant 5 minutes et c'est très appréciable. Bon, ça bouffe de l'eau, mais j'ai trouvé une technique pour gérer ça facilement.

Un autre enseignement, c'est qu'après 10h de vélo, même avec de l'entraînement et une bonne selle, on finit par avoir un de ces mals au cul. Genre s'asseoir sur la selle est vraiment gênant. On sert les dents parce qu'on ne peut pas toujours être en danseuse. C'est le point d'incomfort majeur, selon moi, le truc qui fait le plus mal et qui te pète le cerveau.

En termes d'équipement, mon vélo est un simple vélo de course monté en Shimano 105 partout, avec des pneus de base (des trucs de chez Décathlon). Pour le transport de mes affaires, je suis allé au plus simple, même si ça été l'occasion de faire une étude sur le sujet. Parce qu'en effet, sur 13h de vélo, on a besoin de porter une grande quantité d'énergie, de l'eau et du matériel de réparation. En plus, je visais l'occasion de porter aussi une tente légère pour dormir en camping au cas où.

J'ai failli céder à la mode du bikepacking, avant de me rendre compte que c'était uniquement du marketing pour vendre des sacoches en tissu chères (oui, j'assume). Concrètement, j'ai commencé par essayer de fabriquer par moi-même une sacoche de guidon pour mettre de quoi manger sur la route. Bon, ça ne tenait pas terrible, ce n'était pas étanche et c'était peu pratique au final. Après j'ai étudié le fait d'acheter un truc plus profesionnel. Mais j'ai trouvé que c'était hors de prix. Pourtant, j'ai vu des gens qui faisaient la Loire à vélo (quand tu travailles entre Angers et Nantes, tu te tapes les touristes qui font la Loire à vélo, mais qui font surtout la Loire à Vélo dans le train plutôt que le faire à vélo), équipés de ces moyens de transport sur des vélos (eux-mêmes hors de prix). Leurs vélos avait tout l'attirail du bon bikepacker: sacoche de guidon, sacoche de selle à l'arrière, sacoche de cadre, dessous, dessus. Bref, y en avait de partout. J'ai trouvé que ça avait l'air encombré et surtout pas stable ni très aérodynamique (même si sans doute pas si terrible que ça).

Ce qui m'a achevé, c'est lorsque je me suis rendu compte que si je prenais tout cet attirail, je n'aurais jamais qu'un volume de transport limité et que surtout, si on fait la somme des masses des contenants vides, ça pèse plus lourd qu'un porte-bagage même pas léger avec un gros sac basique en plastoc étanche à l'arrière et un système de fixation simple. Le tout étant aussi aérodynamique qu'une sacoche de selle tout en étant bien plus stable. Bien entendu, pour 10% du coût de l'équipement du bon bikepacker. Astuce supplémentaire, on peut facilement gagner plusieurs centaines de g sur un porte bagage en enlevant une des deux branches de fixations sur le cadre arrière.

D'ailleurs, j'ai trouvé une super astuce pour faire un système de fixation à partir de vieilles chambre à air. J'ai vu ça sur Internet et c'est franchement intéressant. En plus, ça ne coûte quasiment rien et ça ne demande pas de matériel spécifique. Je l'ai testé sur 1300km et ça tient du feu de dieu, c'est pratique à enlever et à remettre et en plus, c'est ajustable. C'est mieux que les traditionnelles sangles qui soit écrasent le sac, soit finissent par se distendre complètement à l'usage.

L'autre enseignement, c'est de compter sur les cimetières pour l'eau. En effet, en France, les cimetières sont souvent équipés d'un point d'eau gratuit (pour les fleurs des tombes). Il suffit de remplir ses bidons à cet endroit. Ça permet d'avoir simplement 2L d'eau sur soi au max. Et assez bizarrement, les cimetières qui croisaient ma route directe étaient légion. Et ça, c'est bigrement bien.

Du coup, je faisais même mon arrêt déjeuner dans le cimetière: c'est calme, il y a souvent des arbres qui apportent de l'ombre, peu de gens qui y circulent. Et puis, il y a tous ces morts qui ne voient pas tant de visiteurs que ça. J'aime me dire que ma présence incongrue amène un peu de divertissement à ces âmes en repos. C'est aussi très dépaysant de voir toutes ces tranches d'histoire familiale dans ces lieux. Les cimetières sont tous différents et je trouve qu'on ne prend pas assez de temps de les parcourir alors qu'ils offrent tellement de diversité.

En termes d'effort, mon point le plus dur c'était la montée de la rue de la Sangle à Sillé-le-Guillaume. La première fois, je me suis rendu compte que c'était plus rapide que je descende du vélo et que je le pousse comparé à avancer avec les pédales. C'était assez dur pour le rythme cardiaque car la distance de montée est très longue (ça se poursuit sur le chemin de la Baverie). J'étais super fier de moi de réussir à la grimper la seconde fois, sans devoir mettre pied à terre.

Au delà du sport, c'est un moyen de se dépayser très efficace. Tu montes sur ton vélo, tu sais que tu en as pour la journée à voir des paysages superbes, à rouler sur des petites routes de campagne pas trop fréquentées par les bagnoles. A sillonner la campagne comme ça, on voit qu'il y a partout des points d'intérêts extraodrinaires (tel bâtiment, tel cours d'eau, tel chemin, telle forêt, telle calvaire ou borne particulière, tel champ avec sa culture particulière, qui change selon les saisons, etc.). On ne s'ennuye jamais.

Voilà ce que je peux dire sur mon défi sportif de 2023. Certes 250km ce n'est finalement pas un exploit. Plein d'autres personnes font bien mieux et bien plus rapidement. Mais, ça m'a fait vraiment du bien de me lancer ce défi. J'étais très content de l'avoir réussi et de m'y être préparé.

Pour 2024, j'aimerais bien essayer l'exploit (vu mon âge et mon corps, c'est un exploit) de faire 500km sur deux jours consécutifs (250 km aller le premier jour, 250km retour le second jour). Ce sera très dur parce que le lendemain de mes 250km de 2023, j'étais très handicapé pour marcher, même avec l'entraînement. Mais, je crois que c'est faisable et, au pire, je vais sécuriser en me prenant la possibilité de faire une pause d'une journée.

Sans doute le sujet d'un prochain article.