La collection de magazines informatiques de mon père🔗

1. Introduction
2. Etat du projet
3. Amstrad PC Magazine
4. Micro-Systèmes
5. UnixWorld
6. JEDI
7. Abc Informatique
8. Compatibles PC magazine
9. PCompatibles informatique
10. La revue de l'utilisateur IBM-PC
11. Micro Ordinateurs
12. Micro7
13. Ordi-5
14. L'ordinateur individuel 2ème génération
15. L'ordinateur individuel 1ère génération
16. Comment j'ai scanné ça ?
17. Mes conclusions

Quand j'étais enfant, mon père était déjà un passionné d'informatique. S'il y a bien un truc qu'il m'a transmis, c'est ce virus pour ces machines à la fois complexes, magiques mais logiques.

S'il avait une collection d'ordinateurs très complète (sans doute trop), il avait aussi conservé l'intégralité des magazines d'informatiques de l'époque. Et croyez-moi, ça en fait du volume. Même si mon père n'a jamais su rien jeter de sa vie, je me dis qu'il faut bien faire quelque-chose d'utile de cette accumulation. Et dans cette page, ce sera ma manière de le faire, et ce, de lui rendre hommage.

Dans ce projet, mon objectif c'est:

• de faire l'inventaire des magazines que mon père a acquis dans sa vie.
• de vérifier s'il y a des numéros qui ne seraient pas numérisés et disponibles librement sur Internet
• de les scanner le cas échéant et de les déposer sur archive.org ou abandonware-magazine.
• de lire tous les numéros en papier.
• de faire le résumé de ce que j'ai pu y trouver de particulier.

Ce projet n'est PAS terminé, mais il avance pas mal !

Quand j'étais enfant et ado, très vite, on a eu des PC de la marque Amstrad. D'abord un Sinclair PC 200 puis un Amstrad PC3386SX, quelques années plus tard. C'était d'ailleurs mon PC d'ado. Ils étaient peu puissants pour l'époque (un 8088 en CGA et un 80386SX20Mhz avec 1Mo de RAM), mais ils étaient assez abordables.

Qui dit PC Amstrad dit revue sur l'Amstrad PC. C'était un phénomène suffisant en France pour en faire une revue. Cette revue n'a pas duré aussi longtemps que les autres revues sur les compatibles PC. Et à priori, ça n'a rien à voir avec la fin d'Amstrad qui a plutôt lieu vers l'année 95 que 1991.

Un petit encart de jeux, le reste reste assez professionnel et fait la part belle à toutes les sorties hardware du constructeur. C'est loin d'être passionnant, mais ça reflète une époque où Amstrad concentrait une part importante du marché des PC.

C'est un magazine générique sur la micro du début des années 80. Je ne l'ai jamais lu enfant: je ne sais pas où mon père les a planqué. On les a retrouvés dans une armoire qui contenait du bric et du broc, cachés au fond, comme s'ils étaient honteux.

Par contre, j'ai trouvé des articles de qualité, pas forcément en grand nombre, comme une interview de Clive Sinclair juste après la sortie du ZX Spectrum en France. Il y avait aussi une retrospective des magazines étrangers (principalement, britanniques et américains comme Byte magazine). Sinon, beaucoup de publicités, un peu de code, un peu de revue de matériel, un peu d'explications techniques, un peu d'électronique. Pour l'époque c'était un magazine assez complet et ouvert au plus grand nombre, y compris au professionnel, ce qui s'explique assez bien par leur sous-titre: "Microprocesseurs/Micro-Ordinateurs/Informatique appliquée".

Ce qui m'a assez surpris, c'est de retrouver des ordinateurs complètement inconnus, surtout dans les premiers numéros. Ces machines apparaissaient essentiellement dans les pubs. Voilà pourquoi, j'ai tout remis sur archive.org en incluant les pubs (elles ne l'étaient pas sur abandonware-magazine). Come quoi, la pub peut avoir quand même un intérêt, surtout historique en fait, pour savoir ce qui se vendait à l'époque et à quel prix.

Assez bizarrement, mon père a réussi à dégoter un numéro de UnixWorld, une revue américaine sur Unix. Après avoir fouillé dans des papiers, j'ai compris qu'il les avait sans doute eu aux salons Unix de 1990 et de 1991. Je pense qu'il a participé à ce salon en partie à cause de son travail. En effet, j'ai retrouvé des supports de cours Unix du ministère de la santé de la fin des années 80 et dans les documents était mentionné un plan pour migrer une partie du parc serveur vers des bécanes sous Unix. Il avait tout gardé dans des pochettes: son badge d'entrée, son invitation, les prospectus sur les logiciels et le matos du salon, etc.

Je me souviens l'avoir lu à l'époque et entrevu un monde informatique très différent. J'ai senti, à la manière dont il en parlait que cet OS était un truc génial, un truc de gens clairvoyants. 34 ans plus tard, je sais qu'il avait raison car le texte que vous lisez a été écrit sur une bécane qui tourne sous GNU/Linux, qui, au fond, reste un OS Unix.

Alors, là, attention, on est dans la revue rebelle. A mi chemin entre le cyberpunk, le fanzine et les langages alternatifs, presque du libre avant l'heure. JEDI est une revue d'association qui se focalise sur le langage Forth (mais aussi sur Prolog et LISP de temps en temps).

C'est vraiment une revue de rebelle. D'abord elle contient beaucoup de codes et d'algos assez spécialisés. Ensuite elle est très militante. Je vous livre la citation des premières pages:

"Toute reproduction, adaptation, traduction du contenu de ce magazine, totale ou partielle, sous toutes ses formes est vivement encouragée, à l'exclusion de toute reproduction à des fins commerciales."

Du Creatives-Common avant l'heure, c'était vraiment innovant pour l'époque (enfin, je trouve).

D'une manière générale, le contenu est plutôt de bon niveau technique avec beaucoup de code, ou parfois de l'explication électronique de bas niveau. On est bien loin des revues pour le quidam geek des années 80 et plus orienté vers le geek fana d'un langage en particulier.

Dans des papiers, j'ai compris que mon père s'est intéressé au Forth à une époque et, comme Internet n'existait pas, il a trouvé cette revue par hasard, au début des années 90 (1992 je dirais). Il a donc commandé un paquet de numéros que j'ai compilé sur archive.org](https://archive.org/details/jedi-35-avril-1987/). Certains numéros étaient épuisés, donc il n'a pas pu tout récupérer, mais en mixant ce qu'on retrouve sur abandonware-magazine et cette archive, on est pas loin de la complétude.

Plus qu'une revue, ça ressemble à une encyclopédie qui est livrée numéro par numéro.

Un classique des classiques. Il doit sans doute encore exister. Mon père l'a acheté à ses débuts en 1987. Ce magazine arrive au moment où la transition des 8bits vers le PC commence à s'effectuer. Concrètement, on trouve plutôt du contenu sérieux dans ce magazine, assez peu de revues de jeux vidéos par exemple.

Néanmoins, ça reste une bonne approche pour étudier l'évolution du marché des PC sur quelques années, on voit qu'on pase progressivement des 286 à l'ère des 386. On peut aussi distinguer dans les pubs, des constructeurs français qui essaient de se faire un marché local, souvent expérience malheureuse. On peut aussi voir l'arrivée de Dell qui était alors un constructeur inconnu, loin du mastodonte qu'il est encore actuellement. C'est aussi l'époque des machines PCW et surtout Gateway avec leur pub si reconnaissable (marque qui a aujourd'hui disparu). Voilà, dans l'ensemble on retrouve dans cette collection, l'émergence de l'ère des PC qui ne s'est toujours pas arrêtée dans les faits.

J'ai scanné ces magazines par mes propres soins et je les ai placés sur archive.org, dans une liste publique dédiée et j'aimerais bien les déposer aussi sur abandonware-magazine.

Un magazine un peu moins sérieux que Compatibles PC Magazine. On y retrouve des tests de jeux vidéos, mais aussi beaucoup de tests de logiciels du domaine public. Oui, je l'avais oublié, mais le domaine public (le DP comme on l'appelait à l'époque) était déjà une réalité avant la démocratisation d'Internet. Cet éditeur de presse (la SORACOM) avait déjà de nombreux autres magazines, notamment sur le CPC. Pour le PC ils avaient mis en place un serveur minitel qui permettait de récupérer les programmes du domaine public. L'initiative était assez caractéristiques d'un accès réseau à la française. Sans doute pas optimum, mais potentiellement accessible à tous (pour un coût sans doute pas encore assez modique).

Ici, on a une revue assez sérieuse, sans doute tournée vesr l'utilisateur plus corporate. J'ai intercepté un courrier de mon père qui commandait les anciens numéros. Sans doute pour compléter sa collection.

Je ne connaissais pas du tout ce magazine. Mais le numéro que j'ai eu entre les mains me semblait dépeindre un magazine des débuts de l'informatique domestique démocratisée par le plan informatique pour tous. On y retrouve des infos brèves, des tests de machines diverses, des pubs en couleur. Il y avait aussi de la publication de code avant l'heure: le magazine avait un encart de programmes à taper. C'était essentiellement du basic, mais, époque oblige, il y avait un programme par type de machine (du ZX81, du MSX, du C64, du Yeno, etc.).

Finalement, un magazine assez sympa et pas trop cher (attention à l'inflation dans ces années là aussi).

Une revue consacrée essentiellement aux micro de chez Sinclair. Fort logiquement, la revue s'arrête assez rapidement, une fois que les ZX sont passés de mode.

TODO

TODO

Scanner ces magazines m'a pris un temps assez fou au final, plusieurs centaines d'heures. Mais, héritage oblige, je me sentais obligé de m'y mettre,

J'ai utilisé, comme à mon habitude uniquement des logiciels libres. Pour gérer le scanner, j'ai utilisé sane et son outil en ligne de commande scanimage. Avec un peu de glue via un script bash, j'ai pu faciliter la gestion des batch de scans: je posais un paquet de feuilles dans le chargeur A4 et ça gérait tout seul l'ordre des pages suivant le numéro de la première page à scanner.

Ensuite pour le recadrage, j'ai simplement utilisé imagemagick et ses nombreuses fonctions pour détourer et redresser automatiquement toutes les images. Ce n'était pas parfait, mais ça faisait 98% du job.

Enfin, pour la génération des PDF, j'ai utilisé img2pdf, le classique.

Au niveau hardware, le plus simple, c'est d'avoir accès à un gros copieur qui a un scanner A3 avec chargeur. Néanmoins, à l'usage, j'ai trouvé que ce n'était pas très pratique car les pages de ces magazines sont parfois fragiles. Pire, les rouleaux d'entraînement ont souvent du mal à capturer correctement le papier glacé ce qui résulte à la prise de plusieurs feuilles en même temps. Et comme un gros copieur, ça va vite, il faut systématiquement vérifier qu'il y a toutes les pages de scannées. Je ne vous parle pas du bourrage dans ces conditions.

J'ai donc acheté l'imprimante scanner la moins chère du marché avec un scanner sur chargeur. C'est une canon Pixma TR4750 à seulement 60€. Elle a avalé environ 10000 pages sans trop broncher. J'ai dû parfois nettoyer la vitre du scanner du chargeur qui me faisait des lignes sombres, mais c'est tout. Il y avait un peu de bourrage et un peu d'avalage double, mais globalement rien de compliqué. Au final, scanner un magazine complet d'une centaine de pages prenait environ 40 minutes.

Pour les magazines reliés avec des pages A3 et deux agrafes au milieu, j'ai simplement retiré les agrafes et coupé au milieu, au scalpel pour avoir une page A4.

Pour les magazines collés sur la tranche, j'ai décollé chaque page à la main. Fastidieux, mais pas si long en fait (et en plus, je n'avais pas de coupe faire). Dans tous les cas, prenez bien soin de retirer toute la vieille colle qui peut rester: ça ne passe pas les rouleaux d'entraînement de n'importe quel scanner (sauf ceux à plat).

Alors après avoir lu tous ces magazines, j'ai compris qu'ils étaient un accès à des connaissances et des informations sur ce domaine particulier de l'informatique. C'était une période balbutiante ou tout se mettait en place. Les premiers numéros des débuts des années 80 font état de machines pas du tout standardisées et qui pourtant utilisaient du matériel proche (disons, le même CPU, la même DRAM ou SRAM et les mêmes techniques de bus de données et d'adresses).

Il a fallu attendre IBM et son PC et aussi pratiquement 10 ans pour voir une plate-forme technique émerger et des constructeurs qui partagent leurs specs ou mieux, travaillent ensemble à élaborer des standards. Avant ça, chaque construteur y allait de ses choix. Ce qui m'impressionne, c'est la richesse des techniques de l'époque sur plein de sujets différents.

Si les magazines de l'époque étaient si nombreux (abandonware-magazine en a plus de 18000 numéros, tout confondus), c'était parce qu'Internet n'existait tout simplement pas et que les bécanes de l'époque étaient trop réduites en capacité pour afficher un magazine qui occupe près de 150Mo en 300dpi. Et puis si tu voulais faire quelquechose de ta bécane, il fallait du contenu et ces magazines proposait ce contenu. Tout ça a été remplacé par des serveurs qui proposent des articles de blog, par Github et par des aggrégateurs de news.