Porter un casque à vélo…🔗

Posted by Médéric Ribreux 🗓 In blog/ Vintage-Velo/

#bike

Cela fait bien des années que je circule à vélo. Depuis l'âge d'environ 8 ans, jusqu'à maintenant, soit 32 ans d'expérience avec un rythme plus ou moins régulier.

Jusqu'à récemment, je n'avais jamais cédé face aux cris alarmants sur le port du casque à vélo. Comme beaucoup, je me suis toujours dit que ça ne servait à rien. Pire, j'étais même assez militant pour lutter contre le port obligatoire du casque. J'ai souvent repris les arguments de la FUB sur ce sujet, à savoir que le port du casque réduirait le nombre de personnes qui ferait du vélo, que ce n'était pas pratique à trimballer, que ce sont les membres les plus souvent touchés, etc.

J'avais même mon propre argumentaire:

Clairement, je trouvais que le port du casque en vélo était exagéré. J'étais assez fermement opposé à son utilisation. Mais tout ça a profondément changé il y a quelques mois…

D'abord, je me suis acheté un nouveau vélo l'année dernière. Après avoir fait une petite étude de marché, mon choix s'est porté sur un vélo de course. Comble de l'ironie avec mes articles précédents, c'est un B'Twin ! C'était pourtant le meilleur rapport qualité/prix/matos utilisé). Dès la première ballade, je me suis dit intérieurement que j'allais devoir acheter un casque parce que je voyais bien que ma vitesse commençait à prendre son envol. Quand tu tapes les 40km/h sur du plat au radar pour voiture sans être à fond, effectivement, il y a de quoi se poser des questions.

Néanmoins, j'ai finalement oublié de m'acheter un casque. J'ai eu un autre signe d'alerte sur ce nouveau vélo lors du printemps 2018. Un soir de flotte en rentrant du boulot, j'ai fait un aqua-planning à environ 25km/h. Je suis tombé sur la flaque d'eau sur laquelle j'ai glissé sur environ 40m. Incroyable et impossible de maîtriser quoique ce soit. Le vélo de 9kg lui a filé comme une flèche, couché sur le flanc. Je l'ai vu glisser en parallèle de moi, sur quelques mètres. C'était impressionnant toute cette énergie cinétique avec peu de frottements. Je ne me suis rien cassé, j'ai juste eu quelques dermabrasions bénignes.

Néanmoins, je n'ai toujours pas pris le temps d'acheter un casque. Jusqu'au fatidique jour du 5 juillet 2018. Sur le chemin du travail, dans un endroit exclusivement piéton et vélo sans trop de trafic, en plein milieu de la ville de Nantes, j'ai fait une chute un peu sévère. Je ne connais pas la cause réelle de la chute, car ma tête a heurté le sol et j'ai perdu connaissance. Je peux compter sur les doigts d'une seule main les moments où je me suis évanoui dans ma vie. Et pourtant, c'est arrivé en vélo !

À propos de l'accident, disons que je ne me souviens de pas grand chose. À un instant, je voyais mon vélo se pencher sérieusement et l'instant d'après quelqu'un me disait: "Monsieur, serrez ma main s'il vous plaît !". La perte de conscience a complètement effacé le souvenir à court terme. D'après les passants, j'ai dû rester inconscient 1 à 2 minutes. Au niveau des dégâts, c'est ma tête qui a tout pris comme le montre cette photo prise peu après l'accident:

t'as vu ta tête !
t'as vu ta tête !

J'ai été emmené par les pompiers au CHU pour suturer ma plaie à l'arcade sourcilière et au menton. Je m'en sors pas trop mal au final, car je n'ai aucune fracture, rien à la mâchoire et surtout pas de traumatisme crânien important. J'ai eu de la chance cette fois encore.

Après être revenu sur les lieux de l'accident, je n'ai vu aucune trace de freins nulle part. L'endroit était complètement dégagé, sans obstacle. De plus, ça fait 4 ans que je prends cette voie pour aller travailler tous les jours et jusqu'à présent, je n'avais jamais eu le moindre incident. Quand j'ai pu récupérer mon vélo, pris en main par un bon samaritain (libriste qui plus est) que je remercie publiquement, j'ai compris que, pour une raison inexpliquée, j'ai penché un peu trop mon guidon vers la gauche. Je circulais assez rapidement, sans doute à 25km/h. Mon vélo à perdu l'équilibre, ma tête a heurté le sol en premier et j'ai tout de suite perdu connaissance. Ensuite, le vélo a fait des tonneaux sur lui-même, car il est éraflé des deux côtés alors qu'il n'y avait aucune trace avant l'accident. L'alignement du guidon avec les roues a été faussé avec la violence du choc. Pour ma part, j'ai également fait des tonneaux, car ma tête présente des dermabrasions sur les deux côtés. Mon genou gauche est également abimé.

Quels enseignements tirer de cet accident ?

D'abord qu'on peut chuter d'un vélo qu'on maîtrise depuis un an, sur une zone dégagée sans voiture ni passant, sur un revêtement sec, en milieu urbain.

Ensuite qu'une chute de ma hauteur suffit à bien me faire tomber dans les pommes. Que ça peut arriver à n'importe lequel d'entre nous. Sachez que je n'avais même pas de pédales automatiques qui peuvent poser un problème pour poser les pieds. Dans mon cas, je n'ai rien pu faire: impossible de redresser le guidon ou de poser le pied par terre pour réaligner le vélo. Je n'ai même pas pu compter sur la force gyroscopique pour maintenir l'équilibre.

Enfin, si j'avais eu un casque de vélo, j'aurais sans doute eu quelques séquelles, notamment au niveau du menton et de la joue mais, je n'aurais pas eu de trauma crânien et je n'aurais pas perdu connaissance. Les conséquences auraient été forcément moins graves.

En conclusion, j'ai enfin acheté un casque de vélo… Et je n'utiliserai plus aucun vélo sans le mettre. J'ai compris que même dans des circonstances favorables, même à l'arrêt, on peut tomber et se faire mal au point de perdre connaissance. Mon trauma crânien aurait pu être bien plus sévère.

Par ailleurs, utiliser un casque a finalement des inconvénients négligeables. Il rentre facilement dans un sac, on peut le laisser pendre dans le train ou au bureau. Il est souvent aéré et on ne transpire pas trop avec. Enfin, il coûte peu cher comparé au temps perdu à devoir aller au CHU et rester en observation après un traumatisme crânien.

Voilà, je suis passé du stade d'opposant au port du casque à vélo au stade de ne plus vouloir m'en passer. Je me dis aussi qu'avec un casque, je peux continuer à rouler au même rythme qu'avant sans avoir trop d'appréhension ce qui est quand même plus confortable que de devoir toujours redoubler d'attention et d'avoir perdu confiance dans ce formidable moyen de déplacement qu'est le vélo.

Tous les arguments des anti-casques sont tombés en même temps que ma tête sur le sol, ce 05/07/2018…