My bike is not a B'TWIN (part 2)🔗
Posted by Médéric Ribreux 🗓 In blog/ Vintage-Velo/
Voilà, ça fait plus de 6 mois que j'utilise au quotidien mon vélo old-school qui était déjà très moderne pour l'époque. Je pense qu'un petit retour d'expérience s'impose.
À propos de mon parcours
J'ai utilisé ce vélo pour aller bosser. Je l'ai fait quasiment tous les jours, excepté une pause d'environ 1 mois cet hiver pour cause de fainéantise et de confort. En moyenne, j'effectue 15km aller-retour par jour et les bonnes semaines, c'est-à-dire celles où j'ai la pêche, je réalise donc aux environs de 75km uniquement avec cet engin.
D'une manière générale, mon parcours est assez simple et suit en majorité des pistes cyclables qui me permettent d'aller un peu plus vite que les voitures, une fois arrivé en ville. Elles me permettent également de limiter les risques de collisions dans le trafic urbain. C'est pour cela que je les ai privilégiées. J'ai la chance d'habiter une ville où le vélo a été pris en compte. Parfois les aménagements gagneraient à être modifiés mais, dans l'ensemble, c'est plutôt appréciable.
Pour gérer l'effort et éviter d'arriver trempé de sueur, il faut s'organiser. Si vous voulez utiliser votre vélo de manière efficace, c'est-à-dire, sans traîner sur la route, cela va vous demander d'adapter l'arrivée sur votre lieu de travail. Dans mon cas, j'utilise des vêtements de rechange que je transporte dans un sac à dos. Je n'ai pas la chance d'avoir accès à une douche et donc, je me change quasi intégralement une fois arrivé au boulot, moyennant une petite période de refroidissement du corps. Avec cette technique, pas besoin de douche pour ne pas sentir la transpiration. C'est plutôt efficace pour moi.
J'ai remarqué que mon trajet est proche des 25 minutes alors que celui en voiture est de l'ordre de 20 minutes en temps normal, c'est-à-dire en incluant les bouchons. Pas mal comme comparatif. Si je prenais le bus, en plus du fait d'attendre et de gérer des horaires, mon temps de parcours atteindrait facilement 40-45 minutes. De ce côté, le vélo me permet de rester assez libre (même si cette liberté demande plus d'efforts physiques).
Je pense que cet effort quotidien est assez bon pour mon corps: c'est un exercice pas forcément complet mais qui me permet de travailler les muscles des jambes et un peu le cœur.
Ce que je n'aime pas à vélo
- Les autres vélos qui grillent les feux rouges: en plus du non-respect du code de la route, ils contribuent à donner une mauvaise image des cyclistes. Pas terrible comme comportement à risque. C'est très con mais mieux vaut s'arrêter au feu rouge même s'il n'y a pas de danger apparent.
- Les bagnoles qui se garent sur la piste cyclable: la piste cyclable est aussi une route ! Du coup, quand quelqu'un y stationne, ça fait l'effet de la double-file mais sur une seule voie.
- Me rendre compte que j'ai oublié un truc super-important à la maison en plein milieu de ma route: hé oui, en plus de la perte de temps plus importante, il y a également l'effort supplémentaire. C'est ce dernier point qui est imparable: avec une voiture, on peut se permettre de revenir alors qu'en vélo, bien souvent, c'est cuit… Rouler en vélo impose donc une meilleure gestion de la route à effectuer. Il est indispensable de planifier un minimum à l'avance sous peine de faire beaucoup de kilomètres. Cette planification est quelque-chose que nous avons tendance à oublier. De plus en plus, avec le concours de la voiture qui réduit très fortement les distances en temps et en effort physique, avec l'aide du téléphone portable qui permet d'organiser sur le pouce des rencontres, nous oublions comment nous étions obligés de planifier auparavant. Personnellement, j'aime bien contrôler ma vie: je vis cette obligation de planification de manière assez positive, sauf lorsque je n'ai pas assez préparée…
Ce que j'aime à vélo
- Occuper le terrain: dans certains endroits, on a l'impression que tout a été programmé pour la voiture. À tel point que les automobilistes ne s'attendent pas du tout à trouver des cyclistes dans ces lieux. Du coup, pour leur rafraîchir la mémoire, je me plais à circuler dans ce genre d'endroits genre, gros carrefours giratoires. Ce n'est pas interdit pour les vélos même si c'est dangereux. D'une manière générale, un bon automobiliste est quelqu'un qui circule régulièrement avec plusieurs engins. Tant qu'on n'a pas roulé sérieusement à vélo, on a du mal à évaluer quels en sont les problèmes et les règles qui s'imposent à nous. On se sent donc moins concerné et c'est là qu'on fait des erreurs.
- Avoir le sentiment d'être libre: À vélo, on va vraiment plus facilement où on veut. Je veux aller en ville: pas de problème de prise de tête pour trouver un emplacement de stationnement qui me demande de marcher 1km pour rejoindre le lieu qui m'intéresse. Je peux circuler sur les chemins où ne passent pas les voitures. En revanche, je ne peux pas circuler sur les routes réservées aux voitures mais ce n'est pas un mal !
- Ne pas focaliser mon cerveau sur la route: Depuis que je m'exerce à rouler régulièrement à vélo, je me rends compte à quel point la voiture est un moyen de transport assez abrutissant. En effet, la circulation automobile demande une concentration assez régulière. Certes, il existe des réflexes quasi conditionnés pour nous permettre de "gérer" la circulation (gestion du freinage, du passage de vitesses, etc.) sans devoir réfléchir en permanence. Mais, dans la pratique, il est indispensable de tenir le regard sur l'ensemble du champ de vision, il est important de faire attention aux autres, etc. combien de fois, sommes-nous rappelés à l'ordre, lorsqu'on croise un radar qui pourtant était annoncé en pleine évidence par un grand panneau quelques centaines de mètres avant. Bref, lorsque je conduis une voiture, ça me déplait de plus en plus de devoir concentrer mon esprit sur la route et non sur des problèmes autres. À vélo, il y a beaucoup moins de pression (moins de circulation, moins de trafic, un peu moins de situations à risque, etc.) du coup, je peux réfléchir à d'autres choses comme planifier mon boulot, étudier rapidement quelle est la solution qui me ferait gagner du temps, etc.
- Avoir l'impression de ne pas trop salir l'environnement dans lequel j'évolue: circuler en vélo me fais économiser du carburant issu du pétrole. C'est un argument assez plaisant de constater que le dernier plein de la voiture remonte à il y a 2 mois ;-)
Un peu de Hacking
Quelques informations techniques sur la machine en elle-même !
D'abord, on peut rouler tous les jours même avec des pneus merdiques comme ceux que j'ai. En plus de 6 mois, je n'ai crevé que 2 fois et pourtant mon chemin emprunte des pistes non goudronnées. Vu l'état des pneus, je me suis dit qu'ils n'allaient pas faire long feu, mais je me suis bien trompé. Ainsi, même s'ils sont usés jusqu'à la corde (la garniture métallique qui assure leur rigidité), s'ils sont tout craquelés et même si la bande de roulement est vraiment morte, vous pouvez quand même rouler avec ! Je ne suis pas tout à fait sûr qu'avec des pneus modernes, le comportement soit aussi fiable. De toute manière, je finirais bien par les changer un jour… Dans ce cas, j'aurais de quoi faire un retour.
Après quelques recherches, je pense que la machine date des années 50. La pièce la plus originale est sans doute le dérailleur. Le système utilisé remonte aux années 30 et a été utilisé jusque dans les années 50 me semble-t-il.
Ensuite, j'ai tout démonté sur ce vélo: en dehors de la roue-libre et de la cassette de pignons pour lesquelles il faut du matériel dédié un peu spécial, tout sur cette machine a été démonté et révisé tant bien que mal. Ce qui est assez génial c'est que sur ce genre d'engin, tout est démontable et modifiable: c'est un vrai hymne au hacking. Des mâchoires de freins aux billes des roulements de roues, il n'y a rien que vous ne puissiez atteindre, sous réserve d'avoir du matériel digne de ce nom. Dans mon cas, j'ai acheté deux outils:
- Une clef à pédale 15 et 17 pouces.
- Des clefs à cônes (clefs ultraplates).
Ils sont quasi-indispensables pour régler correctement les jeux des moyeux de roues et pour pouvoir démonter les pédales, car les outils standards sont en général trop épais ou trop larges pour passer et être efficaces.
Il existe un fabricant français pour tout ces outils: Outillage VAR. Ils ont énormément de matériel et même s'ils ne sont pas donnés, c'est bon de voir qu'une boîte française résiste toujours à la montée en puissance de nos amis chinois.
En ce qui concerne le RTFM, j'ai trouvé des informations génériques sur ce site: Dépann Vélo.
Au début, je me suis attelé aux problèmes électriques, car je roulais en hiver (et donc la nuit). Mon phare avant avait un problème de masse que je corrigeais en cas de besoin en faisant masse avec ma main sur le garde-boue avant ! Le problème venait d'un jeu au niveau de ce fameux garde-boue. N'ayant rien pour souder sous la main, je me suis contenté de glisser une feuille d'aluminium alimentaire au niveau des pièces qui avaient du jeu: ça marche du tonnerre depuis…
Pendant un temps, j'ai eu des problèmes de manivelle qui grinçait: au début, le bruit était peu gênant mais à la fin, ça gémissait sérieusement à chaque tour de pédale. Je me suis également rendu compte qu'une de mes pédales était sérieusement endommagée. Je me suis donc attelé au problème et surprise, j'y ai trouvé des problèmes assez proches des logiciels libres: le changement de standard.
En effet, les pédales modernes ont un pas de vis avec des dimensions très légèrement différentes de celles des machines des années antérieures à 90. Résultat, impossible de monter une pédale moderne sur mon vélo. Pour pouvoir le faire, il me faudrait changer également la manivelle. Mais pour cela, il me faudrait également changer le boitier de pédalier et les boitiers vendus maintenant dans le commerce, en plus d'adopter un système de fixation différent et des roulements fermés, ne s'installent que dans des cadres avec le bon pas de vis… il me faudrait donc changer de cadre ! Autant acheter une machine neuve tout de suite… Mais ce n'est pas ce que je souhaite faire. Car mon idée est de poursuivre le mode récupération jusqu'au bout !
Des bouts de "code"
Ainsi, pour pouvoir continuer à rouler, j'ai donc dû trouver des pièces ailleurs et, forcément, elles ne sont pas neuves (en dehors des trucs à peu près standards comme les câbles de frein). Quand on monte-démonte, il est bon d'avoir un peu de pièces en stock. Pour ma part, j'ai trouvé un jour, un vélo de ville typé dame aux encombrants dans une rue. J'ai rapidement ramené l'engin chez moi et je l'ai intégralement démonté pour récupérer des pièces en tout genre:
- roues et moyeux.
- mâchoires de freins.
- Dynamo et câbles électriques.
- Garde-boue.
- Selle.
- Pédales et boitier de pédalier.
- …tout sauf le cadre en gros.
En plus d'être gratuit et de réutiliser ce qui existe déjà, il est important d'avoir des pièces en stock pour ce genre de machine car, avec le changement de standards, en règle générale, si vous avez une panne, il vous faudra souvent changer l'intégralité du vélo (cf mon histoire de pédales). Grâce à ces pièces, j'ai changé mes pédales sans trop de problème.
Conclusions
Pour l'instant, tout semble bien se passer. J'ai investi pas mal de temps dans l'étude technique pour savoir comment réparer. Mais cette capitalisation est aussi intéressante dans le cas d'un vélo moderne puisque la technique sur ces machines n'a pas vraiment évolué avec le temps. Les standards ont changé mais les principes restent les mêmes, pas de grosses révolutions ou de trucs qui me seraient inaccessibles.
Sur les futures opérations, je vais devoir m'occuper de ce que je n'ai pas encore étudié, faute d'outils spécifiques: la roue-libre et la cassette de pignons. En effet, ma jante arrière d'origine a un rayon cassé. Pour en mettre un nouveau, je suis obligé de démonter la roue libre, simplement pour avoir un accès. Le gros problème est essentiellement un problème de standard encore une fois: il me faut un outil spécifique pour la démonter et je pense que cet outil n'existe plus… À voir donc pour la suite !
En attendant, je me contente de la jante arrière du vélo de récupération, mais elle me plaît à moitié car si elle est à peu près droite (non voilée), la roue libre fait un sacré bruit et surtout, le pignon le plus petit est plus gros que celui de l'ancienne jante: mes performances diminuent sensiblement.
Sinon, en terme des projet pour le fun, voici quelques pistes:
- Monter une béquille: c'est utile, mais je voudrais un truc léger et solide.
- Monter un vieux phare avant bombé: va falloir que je fouille pour trouver un mythique phare bombé comme celui-ci:
- Trouver un embout de pédale pour mes Lyotards: comme ça, j'aurais deux pédales identiques…
- Monter une LED dans le phare avant d'origine: avec tout le système de régulation qui va bien !
- Monter des pneus blancs.
Voilà, que de projets pour la suite ! En attendant, j'ai un réel plaisir à rouler avec une machine de plus de 50 ans qui est très fiable et qui sort du lot…