Revue littéraire de janvier 2017🔗
Posted by Médéric Ribreux 🗓 In blog/ Vie-courante/
Introduction
Dans mes résolutions de 2017, il y a marqué "Lire au moins un livre par mois". En 2016, j'ai péniblement lu à peine trois ouvrages complets et avec le temps, je me rends compte que je suis loin de mes "scores" passés. Lire fait du bien au cerveau, apaise l'esprit agité d'une fin de journée difficile et apporte un élément essentiel à l'être humain: se faire raconter des histoires !
Comment, vous n'aviez pas remarqué que dans la majorité des arts, on essaye toujours de raconter une histoire, du cinéma où c'est visuellement évident, en passant par l'Opéra, par la chanson et également par la peinture; le jeu vidéo n'étant pas en reste, lui aussi ? Depuis les histoires de nos parents pour s'endormir, rien n'a vraiment changé en fait !
C'est donc dans cet esprit que j'ai décidé de mettre à profit mes (trop) longs trajets travail-domicile en intensifiant mon temps de lecture. Ma liseuse a repris du service; je l'avais par trop longtemps délaissée et elle commençait à prendre la poussière.
Comme j'ai toujours bien aimé laisser des traces de mes lectures, sans doute pour garder un souvenir pour mes vieux jours et aussi pour me remémorer la bonne littérature de la mauvaise, j'ai décidé de consigner mes lectures sous forme de revue littéraire mensuelle.
Par ailleurs, en parler publiquement sur Internet me donnera également l'occasion d'écrire quelques articles sur mon blog que j'ai tendance à délaisser depuis trop longtemps.
Voici donc ce que j'ai lu pendant ce mois de janvier 2017… …et visiblement, j'avais soif de lecture, car ce ne sont pas moins de 5 ouvrages qui sont passés entre mes mains.
"Au château d'Argol" de Julien Gracq
Que dire par rapport à cette "œuvre" ? Pas grand-chose de bien. Bon, Ok Julien Gracq est connu, Ok, c'est un de ses premiers écrits publiés mais ça s'arrête là. 1938, ça fait moins de 100 ans mais ce livre est juste inabordable pour le commun des mortels de 2017. Le style est d'une lourdeur extrême et repose sur l'hyper-description: tout est décrit comme si l'auteur voulait donner des détails hyperfins sur le contenu d'une scène. Le résultat est un ensemble très soporifique au bout de trois pages. Les mots exprimés ont sans doute pour destinée de former un ensemble harmonieux et bien conçu mais l'ensemble "colle" trop au cerveau et finit par diluer le contenu du récit.
Surtout que l'ensemble des détails n'ont aucun intérêt dans le déroulement de l'histoire. Car cette dernière n'existe pas vraiment. Le scénario est l'arrivée d'un des trois personnages dans le château d'Argol qui est rejoint par un de ses amis avec une femme. Le premier personnage embrasse la femme, ils se promènent dans une forêt, vont à la mer, se perde dans le château et les deux invités finissent par mourir.
À un moment, j'ai cru que les protagonistes étaient des âmes, des fantômes mais même pas. Il ne se passe rien et il n'y a, de surcroît, aucun dialogue. Reste toujours cette narration hyper-descriptive qui ennuie plus qu'elle ne tend à représenter fidèlement un ensemble réaliste qui viendrait alimenter une histoire d'esprits. Je n'ai vraiment trouvé aucun intérêt à ces quelque 200 pages. J'ai même dû relire depuis le début ce livre après en avoir lu près de 25%: j'étais complètement perdu dans ce château.
Ma conclusion (personnelle): ne le lisez pas, c'est une vraie perte de temps.
"Puzzle" de Mig et Frank Thillier
Pour la route, j'ai lu une BD d'assez bonne qualité avec un scénario quasi digne d'un Philip K. Dick.
"Puzzle" est une BD signée de Mig, basée sur le roman éponyme de Frank Thilliez qui raconte une histoire de manipulation mentale sous forme de chasse au trésor.
L'univers est assez sombre, la couleur de l'ouvrage reposant uniquement sur trois couleurs: le noir, le blanc et le bleu, ce qui donne un style certain.
Ça se lit très facilement en à peu près 1h et vous allez passer un bon moment.
"Demain les chats" de Bernard Werber
Pour me remettre de mes mésaventures "gracquiennes", j'ai eu l'opportunité de lire "Demain les chats" de Bernard Werber. Cet écrivain bien connu est l'auteur d'un roman intitulé "les fourmis" qui avait marqué son temps (je ne l'ai jamais lu cependant, poussé par l'envie de ne pas lire ce qui a trop de succès).
Ici, ce fut l'exact contraire de Julien Gracq: tout est abordable, les 300 pages filent à une vitesse impressionnante. Le livre est accessible pour le quidam de base, un enfant de 10 ans ayant largement le niveau de tout absorber.
Pour le pitch, il s'agit d'une histoire de fin du monde "moderne" vu sous l'angle et la narration d'une chatte. J'y ai retrouvé un gros morceau de Barjavel (et son fameux Ravage) pour le scénario, même si l'action se situe plutôt dans les années en cours (la décennie 2010). Le fait d'aborder l'histoire par la vision d'un chat reste assez intéressant, surtout en cette période où dès qu'on parle de chat, tout le monde accourt (en 2016/2017, ce qui est le plus consulté sur Internet a trait aux chats).
Bon, un roman qui se lit bien et facilement, un scénario pas vraiment original mais sans doute bien ficelé. Dans tous les cas, plus accessible que Julien Gracq (oui je suis traumatisé).
"Sur les chemins noirs" de Sylvain Tesson.
J'aime beaucoup Sylvain Tesson. J'ai lu quelques-uns de ses ouvrages que j'ai vraiment tous appréciés. Je me retrouve très souvent dans cet auteur lorsque je marche dans mes lieux insolites, lors des randonnées. En le lisant, j'ai vraiment l'impression qu'il décrit complètement ce que je ressens lorsque je suis en marche. Sa vision du monde est assez proche de la mienne et c'est assez surprenant, car je connais peu de personnes qui la partagent.
Sur les chemins noirs nous emmène en randonnée en France, à l'assaut des rares résidus ruraux encore préservés des affres du terrible "aménagement du territoire" qui produit essentiellement la même merde un peu partout.
L'auteur a décidé de se refaire une santé en traversant la France profonde du Mercantour jusqu'au Cotentin. Il y décrit un paysage massacré et une vie artificialisée dont la manifestation conduit à avoir tout détruit de ce qui restait de sauvage. C'est également mon constat. LA France hyper-rurale est loin d'être rurale et isolée: on y trouve des routes/des infrastructures/des baraques à la con/des lotissements/des gens en abondance. C'est juste que le flux ne s'y arrête plus.
Essayez de trouver un coin où vous ne croisez personne de la journée en France. C'est quasiment impossible. Même en Lozère, département le moins peuplé, en période creuse en plein milieu de la semaine, vous croiserez forcément quelqu'un sur votre route.
Lors de ma lecture du précédent livre de Tesson, j'avais remarqué son alcoolisme naissant. Je ne me suis pas trompé: Sylvain Tesson a eu un accident physique à la suite d'un état d'ébriété qui l'a fortement handicapé et l'a conduit à faire l'expérience des chemins noirs. Dans cet ouvrage, l'alcool est encore présent même si l'auteur ne fait que l'évoquer comme quelque chose auquel il n'a plus droit. On remarque pourtant tant d'allusions à ce sujet qu'on peut comprendre sans peine que Sylvain Tesson est au début de sa période de sevrage. Je lui souhaite bien du courage dans sa rémission. Peut-être la pipe serait-elle un moindre mal ou un palliatif moins dangereux pour la marche et la condition physique (à condition qu'elle reste raisonnable et maîtrisée).
Si vous aimez la campagne, que vous avez déjà marché seul dans des contrées un peu sauvages, je vous encourage à lire cet ouvrage assez facile d'accès mais très bien écrit au demeurant. On est loin du style de Julien Gracq, et pourtant, il reste cette impression de finesse de l'expression, d'une espèce de poésie que seuls les marcheurs peuvent aborder, que les citadins qui n'ont jamais couché dehors dans la Nature sauvage ne peuvent atteindre.
Dans tous les cas, et même si vous êtes un de ces citadins invétéré, je vous invite vraiment à lire "Sur les chemins noirs" et de sortir les retrouver dans le monde réel… Cette expérience sera forcément bonne.
J'ai également hâte de lire la prochaine aventure de Sylvain Tesson !
Conclusions
Pour ce premier mois, je me suis remis dans le bain avec plus d'ouvrages que prévu. Espérons que je suivrai le rythme pour les prochains mois. Je me sens plus réconcilié avec les livres (physiques comme numériques) et j'ai bizarrement l'impression de moins perdre du temps que lorsque je regarde une œuvre plus visuelle comme un film ou l'épisode d'un feuilleton (on dit série ça fait plus "in" mais de mon temps, ça s'appelait un feuilleton et c'était plutôt réservé à la ménagère de plus de 50 ans).