Intégrale musicale de novembre 2017: Carpenters🔗

Posted by Médéric Ribreux 🗓 In blog/ Vie-courante/

#music

Introduction

Dans mes résolutions de 2017, il y a marqué "Écouter l'intégralité d'un artiste musical par mois"… Pour le mois de novembre ce sera le duo des Carpenters.

Oui, je sais, c'est sans doute une référence trop polie, trop sobre par rapport aux goûts des années 2010 mais, ça fait bien longtemps que je souhaite pouvoir les écouter dans leur intégralité.

Ticket to Ride (1969)

Tout commence par l'année 1969, vous savez celle où les Muscle-Cars américains sont au top de leurs performances, l'époque d'Easy-Rider, du rock contestataire, des hippies, tout ça !

Mais 1969, c'est également l'année où sort le premier album studio des Carpenters, duo formé par Richard Carpenter, le frère ainé, à la composition et aux claviers et Karen Carpenter, la soeur cadette, à la voix si troublante. Loin du rock, loin de la soul, c'est un album bien gentillet qui sort en cette année de rupture pour l'Amérique triomphante.

Car dès ce premier album, le style doux et un tantinet neutre des Carpenters s'affirme. Pas de cris, pas de guitare criarde, pas de sons trop forts ou de bruits mécaniques. Juste une douceur parfois trop polie. Néanmoins, la sauce marche car cet album représente un bon début.

À vrai dire, la première piste ressemble à un cantique religieux ("Invocation"). C'est très déstabilisant pour un départ. Si vous n'avez aucune connaissance de ce que les Carpenters ont produit, vous pouvez très bien avoir la tentation de balancer l'album à la poubelle. Pourtant, cette première piste a le mérite de poser ce qui fait la force du duo: la voix de Karen, si douce, si tendre et si posée, si claire.

La deuxième piste s'inspire un peu de ce que peuvent produire les Beatles à l'époque (ils sont au sommet de leur carrière). Elle emprunte un peu de ses codes à certaines pistes des Beach Boys aussi. Car les Beach Boys sont également bien connus à l'époque. Souvent les introductions de voix ressemblent beaucoup aux phrasés des Beach Boys avec leur décalage harmonieux. Les Carpenters arrivent également à le faire à eux deux et ils en abusent souvent dans de nombreuses pistes de cet album. C'était le signe d'une époque.

Mais c'est bien "Somday" qui marque le plus cet album. On y trouve une certaine forme de sérénité, de calme, de rythme doux, sous forme d'une ballade légère qui agrémente les vocalises de Karen Carpenter. Elle se révèle d'ailleurs bien mature pour son âge (elle n'a que 19 ans), au moins dans son expression vocale. J'aime beaucoup cette interprétation tantôt grave, tantôt plus haut perchée.

Pour autant, tout n'est pas si bien organisé sur cet album. Le morceau "Ticket to Ride" est d'ailleurs une pâle copie de ce que les Beattles ont fait. Bon, vous savez ce que je pense des reprises. C'est d'ailleurs bizarre d'avoir nommé l'album avec ce titre…

Une piste comme "Don't be afraid" sonne comme les Beach Boys mais fait un peu un aplat pas terrible non plus.

Non, à mon sens, l'autre piste d'intérêt de l'album se nomme "Eve". Elle se fait encore plus douce et plus solennelle (et donc mélancolique) que les autres. Vous savez que j'aime ce genre de mélodie même si cette piste me semble porteuse d'espoir et pleins de points positifs.

Pour résumer rapidement, ce premier album, un peu trop grave et chaste à mon goût forme quand même un ensemble organisé et qui s'écoute assez bien finalement. Il y a même quelques pistes vraiment au dessus du lot même si la forme religieuse est trop présente. Un bon début vraisemblablement…

Close to You (1970)

Ah, si vous ne devez retenir qu'une seule chanson des Carpenters, c'est bien "Close to You". C'est sans doute leur morceau le plus emblématique.

Pourtant l'album commence aussi avec un hit: "We've only just begun". Douce, calme comme une mer d'huile; tout y respire le bonheur, la paix. Cette chanson reprend également la forme courante de ce que les Carpenters vont produire pendant près d'une décennie. Je vous la recommande.

Autre chanson d'intérêt, la piste 3 "Maybe it's you" qui repose aussi sur une recette éprouvée: une introduction simple qui démarre tendrement, des paroles bienveillantes, un crescendo qui se termine par un duo vocal d'harmoniques, le tout servi par une mélodie simple qui se termine par un final très instrumenté, fleuron d'instruments à cordes en concert triste.

Bon parfois, certaines pistes s'essayent à autre chose et on retrouve des ensembles assez moyens qui reprennent les codent de la musique country par exemple comme dans "Reason to believe". La reprise de "Help" des Beattles est également une merde, disons-le clairement !

Par la suite, on retrouve "Close to You", un monument à elle seule dont je vous conseille l'écoute. La voix de Karen fait vraiment la différence sur cette piste, le refrain en harmoniques, l'introduction simple au piano joue également pour beaucoup.

La piste qui suit, "Baby it's you" commence plutôt mal mais son refrain est mélodiquement une excellence. Rien que pour ça, ça vaut le coup d'écouter l'album. D'ailleurs la piste "Crescent Moon" en reprend les mêmes codes et du coup, on peut bien l'écouter aussi.

Au final, grâce à sa paire de tubes, ce deuxième album des Carpenters est une vraie réussite. Leur style s'est enfin relâché de l'aspect religieux et même si on reste dans quelque-chose d'hyper-consensuel, les mélodies valent leur lot d'écoute.

Carpenters (1971)

Un an après "Close to You" sort un album qui sera encore plus une réussite pour les Carpenters. En effet, l'album éponyme du groupe est également un bon arrangement, un album à garder dans un coin pour plus tard…

La première piste, "Rainy Days and Mondays", toujours très douce, présente un refrain assez mélodieux. Je finis par croire que c'est ça la force des Carpenters: si la musique reste gentillette, le refrain est toujours entraînant et on a plaisir à le chanter. Il marque ainsi les esprits ce qui permet d'apprécier le contenu de nombreuses pistes.

Si la deuxième piste "Saturday" est décidément trop niaise et mielleuse, les 4 prochains morceaux sont franchement des tubes. En effet, "Let Me be the One", "Hideway" et surtout "For All We Know" et "Superstar" sortent du lot. Ils fonctionnent tous sur la recette du super refrain… et ça marche assez bien. La voix de Karen Carpenter nous transporte véritablement dans un monde rassurant. En écoutant ces pistes au bureau, je me sentais vraiment apaisé et calme. Tout respirait l'amour, la volupté, la bienveillance. C'est sans doute ça la force des Carpenters…

Pour résumer, cet album est encore meilleur que le précédent qui était déjà très bon. Que va-t-il se passer sur les autres ?

A Song for You (1972)

Toujours à un rythme effréné, les Carpenters sortent un album après un an de travaux. Comme sur les autres albums, on prend ce qui marche et on réutilise les bonnes vieilles recettes.

Du coup, l'album est lui aussi plutôt une réussite, d'ailleurs bien introduit par "A Song For You". Toujours un refrain percutant, une mélodie douce, une voix grave mais tendre, agrémentée cette fois d'une touche nostalgique de saxophone.

Comme il s'agit d'un bon album, autant aller à l'essentiel: les meilleures pistes:

Encore un bon album, un de plus… Mais à la fin, ils finissent par tous plus ou moins se ressembler. Ça peut devenir lassant en faisant une écoute intégrale. Pour autant, pris séparément, ces albums sont très bons…

Now and Then (1973)

Encore une année de plus et un nouvel album. C'est sans doute le plus connu de tous car il abrite deux des trois chansons les plus connues du duo: "Sing" et "Yesterday Once More".

"Sing" qui ouvre l'album est également un monument des Carpenters abusant de la même recette: une introduction simple, un zeste de piano, une mélodie entraînante, la voix de Karen, si claire et un refrain qui tue. Parfois, on s'approche du miracle avec ces ingrédients simples. Tout ça pour la gloire de la chanson…

Plus triste mais plus glamour et jazzy, "This Masquerade" s'écoute plutôt bien après "Sing". Ce rythme un peu différent fait du bien à l'album, une espèce de respiration.

"Heather" est un morceau complètement musical (pas de paroles) plutôt bien arrangé et qui met en avant Richard Carpenter.

En attendant, "Jambalaya" est une pure merde, une mascarade sans intérêt. Franchement, si vous vous attardez dessus, vous finirez par jeter l'album par la fenêtre, ce qui serait dommage.

On arrive enfin à la grande piste: "Yesterday Once More" ! Je suis sûr que vous avez entendu ces Chalalalas ! Claude François en a fait une reprise assez mémorable (qui ne vaut pas l'originale bien sûr mais qui mérite une certaine forme de respect honorable). Avec un brin de nostalgie, les Carpenters signent une grande musique si percutante. Moi, j'aime beaucoup…

En revanche fuyez "Fun, Fun, Fun", une reprise des Beach Boys franchement nulle. En 1973, ça fait presque 10 ans qu'elle est sortie. Même punition pour "Da Doo Ron Ron" qui fait pitié.

Les pistes qui viennent en revanche, marquent le début d'un truc pas terrible: elles sont courtes, beaucoup plus rythmées et les arrangements sont franchement niais au possible. C'est une partie que j'évite comme la peste: ça pourrait me transformer en Bisounours !

À la fois le meilleur comme le pire, voilà ce qui pourrait caractériser "Now and Then"… Le début de la chute ?

Horizon (1975)

"Horizon" est sans doute l'album le plus doux produit par les Carpenters. Si vous avez besoin de tendresse et d'affection, je vous le conseille. Il prend même parfois des accents jazz très bien faits.

La piste d'introduction "Aurora" fait écho à la piste finale "Eventide". Elles empaquètent l'album pendant 1:33 chacune et annoncent la teneur de l'album: la quiétude.

La deuxième piste, intitulée "Only Yesterday" dispose d'une bonne introduction même si j'apprécie moins son refrain trop country à mon goût. Mais ça reste une bonne chanson.

Je suis désolé mais j'ai déjà entendu "Desperados" chez d'autres groupes (oui, j'ai écouté le groupe The Eagles, je l'avoue) et cette chanson me va mal… "Please Mr Postman" est, on doit bien l'avouer, un monument de niaiseries qui ont vécu… et qui sont devenues rances.

En revanche, j'ai pleinement apprécié "I Can Dream Can't I?". Elle est tellement jazz qu'on aurait pu faire chanter Frank Sinatra dessus sans que ça choque le moins du monde. J'adore ce style et c'est bien dommage que les Carpenters ne se soient pas davantage penchés sur ce registre. Cette voix si claire était sans doute un moyen d'interpréter de bonnes chansons, classiques et classieuses.

"Solitaire" est franchement une excellente piste bien servie par une introduction à la douceur infinie. Le refrain, franc et entier, vous emporte vers les cieux d'un seul battement de cil.

Pour "Happy", le seul truc qui me chiffonne, c'est justement le refrain qui est trop puissant et qui fait tâche dans l'album qui nous a habitué à plus de sérénité.

Toutes les autres pistes sont plutôt d'intérêt et au final, je trouve cet album d'une assez bonne qualité. Il est plus en douceur d'une manière générale et ça va bien au duo.

A Kind of Hush (1976)

Disons-le tout net, l'album commence de manière assez moyenne: la chanson éponyme "A Kind Of Hush" est un mix entre le générique de Benny Hill et un ersatz de synthétiseurs, mélangé avec un zeste de musique country. L'ensemble n'est pas si mal que ça mais j'avoue que je déteste le refrain qui est trop entraînant, trop simpliste.

Heureusement, la deuxième piste, "You", rattrape tout. Elle est une pure production des Carpenters, dans les canons que j'ai décris plus haut. Toujours le même refrain qui tue, propulsé en amont par une poussée lyrique de Karen Carpenter. Non, vraiment cette piste est sans doute la meilleure de l'album.

L'autre piste d'intérêt de cet album se nomme "I Need To Be in Love", réalisation ultra-classique, dans la lignée des albums précédents. "One more time" et "I have you", un peu en retrait, restent de bons exemples de douceur, avec un soupçon de trop de miel, encore une fois. "I can't smile without you" s'en sort un peu mieux, voire même plutôt bien, si on prend le temps de la savourer.

Mais, pour le reste, c'est plutôt la déception. En effet, les Carpenters essayent tant bien que mal de changer de registre et ça ne se passe pas très bien. Trop de rythme, trop de niaiseries, trop de miel, des rythmes qui ne leur vont pas bien.

Pour résumer, je ne sais pas si c'est l'impression de déjà-vu (entendu plutôt), mais cet album commence à me lasser sérieusement. Globalement, je le trouve en dessous des autres. Serait-ce le début de la fin ?

Passage (1977)

Encore une année, un album pour le duo. Quand on sait qu'ils font également des concerts en parallèle, c'est un peu épuisant non ?

À la fin, ça finit par laisser des traces. En effet, "Passage" est un album avec moins de pistes que sur les albums précédents, il n'y en a que 8.

Cet album esquisse un très léger changement dans la politique de production des Carpenters. La recette traditionnelle reçoit en effet un peu d'épices, notamment au niveau des rythmes et des instruments. De ce fait, au final l'album est moins bon, malheureusement.

Les 3 premières pistes font un peu illusions surtout la bien nommée "I just Fall in Love Again". En effet, cette dernière aurait pu intégrer l'album "Now and Then" car elle comporte tout ce qui fait le style Carpenters: de la douceur, une introduction douce et un refrain explosif. C'est la meilleure piste de l'album, à n'en pas douter.

Mais le reste s'avère moins savoureux. La reprise de "Don't Cry For Me Argentina" en est une illustration assez criante. Commencée comme un atelier lyrique, elle fait pâle figure lorsque Karen pose sa voix. Le mélange ne prend tout simplement pas. Pour les autres pistes, le rythme est trop rapide, la voix trop aigüe, la mélodie trop entêtante, trop simpliste.

Pour résumer, "Passage" est un album moins bon que les précédents. On sent une certaine baisse de la qualité dans le duo depuis quelques années. Ils arrivent toujours à sortir des tubes, mais il manque sans doute une forme de génie créatif perdu quelque-part.

Christmas Portrait (1978)

Bon, vous savez ce que je pense des albums de noël: c'est généralement de l'excrément, un truc tellement mielleux et niais que ça colle aux doigts et ça finit par coller aux oreilles et à les boucher.

Tradition oblige, ce n'est pas mieux pour les Carpenters. Oubliez donc cet album, ne l'achetez pas sauf pour faire chier vos invités du 25 décembre !

Made in America (1981)

C'est le dernier album studio de la fratrie Carpenters. En effet, Karen Carpenter meure à l'âge de 33 ans, des suites d'une anorexie chronique. Elle était descendue à un poids trop faible pour survivre.

Que peut donc donner un groupe, qui a démarré dans les années 70 en faisant de la musique des années 50 dans les années 80 et leur sound system bien particulier ?

Hé bien, le moins qu'on puisse se dire c'est que les Carpenters restent fidèles à leur crédo. Après plus de 10 ans de carrière et de très bonnes ventes d'albums, le groupe a trouvé son public. Donc pourquoi changer ?

Ainsi "Made in America" commence par la piste gentille de "Those Good Old Dreams". Calme, dans la lignée pure du style du duo. Sans aucune accroche des années 80 ou d'un autre courant musical.

Pourtant, même dans une bulle, impossible de ne pas s'inspirer de l'ambiance existante. C'est finalement une pointe de synthétiseur qu'on retrouve sur "(Want You) Back In My Life Again" qui nous met la puce à l'oreille. Les choeurs et les voix d'accompagnement s'inspire aussi de ce qui se fait à l'époque. On retrouve aussi ce style sur "Touch Me", avec un solo de saxophone so eighties. Mais c'est tout ce qu'on trouvera comme concession musicale.

Le reste, c'est du pur Carpenters… Mais que donne-t-il, ce dernier album du duo ? Dans l'ensemble, je le qualifierais d'intéressant. Il ne contient pas vraiment de tube ou de hit mais quelques pistes d'intérêt. D'une manière générale, il n'y a d'ailleurs pas grand-chose à jeter. Toutes les pistes ont leur intérêt, en dehors de la niaise "BEachwood 4-5789".

J'ai même apprécié "Because We Are in Love (The Weddin Song)" pour sa pureté. Je peux encore citer "Strenght of a woman" qui me fait penser à Whitney Houston dans son expression ou encore "I Believe You", plus solennelle.

Je m'attendais à pire. En général, les derniers albums qui précédent la mort d'un membre du groupe sont plutôt mauvais, car la mort est souvent causée par une maladie ou la prise de drogues. Mais là, ce n'est pas le cas.

Ce que je retiendrai des Carpenters

Quand j'étais plus jeune, je pensais que les Carpenters était un groupe des années 50-60. J'étais loin d'imaginer qu'on pouvait adopter un style aussi consensuel pendant les années 70, années soul, années rebelles, années funk.

J'ai finalement pas mal d'admiration pour leur production, dans son ensemble. Dès le premier album, le ton est donné. On sait qu'il sera simple, poli, calme et gentillet. Mais, une fois ce premier constat passé et en tendant un peu l'oreille, on trouve des choses intéressantes. Je me suis surpris plusieurs fois à siffler les airs de quelques morceaux entêtants comme "Sing" ou "For All We Know".

Néanmoins, il me reste un certain malaise à exprimer. En effet, il m'est arrivé de me sentir mal après avoir écouté les dix albums à la suite. Sans doute trop de douceur, de mollesse, de miel finissent par engourdir mon encéphale. Pour autant, ce n'était pas un problème de nostalgie ou de mélancolie comme j'ai pu en rencontrer chez d'autres interprètes… C'est sans doute ce que je retiendrai des Carpenters: on peut écouter un album de temps en temps mais avec parcimonie.

Au final, un bon double best-of des familles devrait suffire le plus souvent à faire le tour du duo ces artistes. Mais ça valait bien le coup de vérifier en écoutant toute leur production.

Encore un mois d'écoute pour cette année 2017. Je me suis prévu l'écoute de Stevie Wonder et de ses presque 25 albums studio: ça va faire mal parce que ça va être long… mais ça va me faire du bien à écouter, je le sais d'avance !