OpenstreetMap, à vous de jouer…🔗

Posted by Médéric Ribreux 🗓 In blog/ OpenStreetMap/

#gis #osm

Que faire avec un téléphone-GPS et un vélo ? Réponse: travailler pour la communauté et en l'occurrence OpenstreetMap.

OSM_Logo
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OpenStreetMap: le Wikipedia de l'information géographique

C'est un peu comme ça qu'on peut qualifier OpenStreetMap (OSM). Attention, on dit OpenStreetMap et pas OpenStreetMaps !

Le principe d'OSM est de fournir une base de données géographiques libre. N'importe qui peut utiliser les données de cette base comme bon lui semble. Les données de cette database sont fournies par la communauté OSM qui fournit des outils facilitant la création, la mise à jour des données. N'importe qui peut ajouter, modifier ou supprimer l'information contenue dans cette base de données. Ainsi, si vous regardez dans le coin où vous habitez et que le nom de la rue est incorrect, vous pouvez corriger l'erreur. La consultation des données est libre et la modification demande à ce que vous vous enregistriez. Ca n'est pas aussi "open" que Wikipédia mais ça ne va pas non plus vous couter tant que ça (je parle au niveau anonymat).

Le projet OSM a été lancé en 2004 par une poignée de citoyens britanniques. Actuellement (en 2009), on compte environ 165000 comptes ouverts et environ 120000 millions de points de données (Cf la page de stats) ! Les données sont disponibles sous la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike 2.0 qui, comme son nom l'indique, permet tous les usages à conditions de citer la source et de livrer les données dérivées sous la même licence. Actuellement, un groupe de travail interne à la communauté OSM essaye de vérifier s'il ne serait pas plus intéressant de passer les données sous licence open database.

En plus des outils de création d'information, il existe pléthore d'autres outils qui utilisent et traitent les données d'OSM. On trouve des applications permettant de générer des cartes de villes en format PDF pour pouvoir les imprimer (du même type que celles qu'on trouve dans les plans-guide). On trouve également des applications qui permettent de calculer des chemins ou des itinéraires par exemple.

Un peu de polémique

N'importe qui peut y insérer des données géographiques, corriger celles qui sont présentes, insérer de l'information alphanumérique, etc. Du coup, on a les même travers que dans Wikipedia: n'importe qui peut détourner la réalité. Effectivement, je peux très bien choisir de supprimer tout un quartier, de modifier un linéaire, etc. Toutefois, les personnes qui ont travaillé sur les données d'OSM ont sans doute passé beaucoup de temps sur à les mettre en ligne. Entre les séances d'acquisition au GPS, la correction des linéaires dans JOSM, la création des champs pour contenir les noms des rues et la qualification des voies, on a vite fait de consacrer une demi-journée complète à ce travail pour couvrir un quartier. Un tel niveau d'investissement implique que l'on n'est vraiment pas prêt de voir massacrer son travail par d'autres !

De plus l'aspect "polémique" du contenu de Wikipédia est vraiment très éloigné de celui d'OSM. J'imagine assez facilement que Jean Sarkozy n'a pas à remettre à jour les données carto de l'EPAD dans OSM pour pouvoir sauver la face. Alors que sur la page Wikipedia de l'EPAD, c'est une autre histoire… Disons pour résumer que la carte est moins sujette à discussion que la prose. Même si parfois, une bonne carte véhicule un message fort. Mais c'est une autre histoire que je ne tiens pas à aborder maintenant.

On peut également se poser la question: "à quoi ça sert, car il existe Google maps ou le Géoportail ?" Ces deux outils sont très bien pour consulter quelques informations, souvent celles qui intéressent le grand public à savoir, des orthophotographies ou des plans de routes. Toutefois, les données ne sont pas libres: on ne peut pas les télécharger pour réaliser des études avec. Ou bien il faut demander l'autorisation, ce qui est pénible parce que bien souvent, un traitement de données digne de ce nom, implique de multiples sources de données et donc autant de demandes !

Google Maps n'est pas libre: je vous laisse lire les conditions d'utilisation. Pour résumer (attention, je ne suis pas juriste), le contenu de Google Maps est accessible en lecture seule uniquement via les outils Google (maps ou l'API) pour un utilisateur donné. Bon, vous me direz que pour l'instant, le contenu de Google Maps est plus fourni que celui d'OSM… Je vous répondrais seulement: "pour l'instant !". Si OSM devient un phénomène de masse, enfin, si un pool de contributeurs d'une certaine taille prend la cartographie du monde en main, sachant que les données cartographiques ne sont pas nécessairement sujette à des modifications intenses, il arrivera un jour où OSM dépassera GoogleMaps. Concrètement, dans mon quartier, il existe des rues qui ne sont pas représentées sur Google Maps et pourtant elles ont été construites il y a au moins 2 ans. En revanche, elles le sont dans OSM vue que je les ai incluses. Pour terminer, GoogleMaps ne gère pas bien la description des bâtiments, des zones, des arrêts de bus, etc. bref, de tout ce qui peut faire la plus-value d'OSM. Car grâce au modèle de données d'OSM, on peut quasiment tout cartographier, même ce qui n'est pas intrinsèquement prévu.

Par rapport au sujet du GéoPortail de nos amis de la DGME, il s'agit juste d'un espace de visualisation de couches produites par les différents services des entités publiques (services de l'État, établissements publics, collectivités). On ne peut donc que visualiser les couches et non les récupérer pour en faire ce que bon nous semble (les réutiliser, faire une analyse de terrain, l'uploader dans le GPS, etc.). L'accès à l'information est donc soumise à une demande auprès de chaque adhérent du géoportail. Je note également que pour faire un lien vers le site Géoportail-Services, il faut faire une demande d'autorisation ce qui va complètement à l'encontre de ce qui constitue l'essence même d'Internet. Bref, pas grand-chose à ajouter… Ah si, sur le Géoportail, on peut consulter Corine Land Cover (une base de données d'occupation du sol à la précision de 25m) ! Depuis la mi-octobre, on peut faire la même chose dans OSM. Ça n'a été possible que parce que ces données sont réutilisables (quasi-libres). Cela prouve bien la capacité étendue de gestion d'OSM ainsi que le potentiel de la communauté.

Quelques réalisations

J'ai vectorisé le quartier où je réside. C'est visible ici_ et comme c'est dynamique, le contenu sera sans cesse en évolution. Dans la ville où j'habite (Angers, FR), le centre-ville est à peu près bien représenté. En revanche, près de chez moi… rien, le néant, juste de quoi délimiter le secteur entre les routes principales. C'est là que m'est venu l'idée de faire par moi-même. Et c'est comme ça que tout a commencé.

Après avoir parcouru rapidement l'excellent Wiki de OSM qui est d'ailleurs partiellement traduit en français pour les plus anglophobes d'entre nous, j'ai opté pour la méthode pure et dure d'acquisition GPS. J'ai la chance d'avoir un téléphone portable qui dispose d'un GPS incorporé: un nokia N95. Comme je n'ai plus d'abonnement de téléphone portable, celui-ci devenait complètement inutile mise à part sa possible utilisation en tant qu'appareil photo. Du coup, j'y ai installé une application qui permet de récupérer les enregistrements GPS. Il s'agit de Nokia Sports Tracker qui n'est pas libre mais qui fonctionne out-of-the-box. Je sais, ce n'est pas bien et je suis en train de travailler à trouver quelque-chose de libre et de plus efficace.

Une fois l'application installée et configurée, se pose le problème de la circulation. On peut cartographier à pied, en vélo, en voiture, en train, en bus, etc. Toutefois, je voulais apporter des éléments solides à OSM: un quartier complet. Cela implique d'aller dans toutes les rues, de faire le tour complet des rond-points. Faire ça en voiture, bonjour le bilan carbone d'OSM. En plus de ça, comme circuler sur le terrain a un côté fastidieux surtout dans les lotissements labyrinthiques, il est souhaitable de ne pas avoir à revenir plus d'une fois à un endroit. Du coup, l'étape de prise en charge du nom des voies n'est pas à négliger. Circuler c'est facile, s'arrêter pour noter le nom d'une rue, ça l'est moins. Vous l'aurez compris, OSM implique une majorité de circulation en 2 roues. Et c'est comme ça que j'ai fait !

Le téléphone sur la sacoche avant du vélo et c'est parti… Avant d'avoir essayé, on ne peut pas se rendre compte à quel point on peut être efficace avec ce genre d'engin. En vélo, on passe partout, sur les chemins et pistes piétonnes, sur les routes, les pistes cyclables. On peut faire le tour des bâtiments, s'arrêter facilement pour noter le nom des rues, prendre des photos, noter le numéro des maisons, le tout autrement plus rapidement qu'à pied. Le meilleur compromis entre efficacité et bilan carbone pour le projet OSM est donc le vélo. Pour vous donner un ordre de grandeur la cartographie de mon quartier a nécessité environ 4H de balade en vélo. Ça peut paraître long mais, dans des petites communes, ça signifie qu'on peut couvrir l'intégralité du territoire en une demi-journée de terrain ce qui est franchement pas beaucoup. Pour ma part, je m'attendais à mettre beaucoup plus de temps que ça. D'ailleurs, les balades en vélo sont des prétextes à vous faire découvrir les alentours, explorer des lieux inconnus, voir où les gens habitent, visualiser en direct les travaux parfois moyens, parfois excellents des urbanistes de tout poil, observer les particularités. On y prend beaucoup de plaisir; d'autant plus lorsqu'on sait que c'est pour la bonne cause !

Une fois rentré à la maison, un deuxième travail commence: celui de la correction des données et de l'envoi dans OSM. C'est un travail dont la durée varie selon votre niveau d'exigence. Si vous désirez tout cartographier en passant par les points recyclages, les écoles, les bâtiments publics, les parkings, les parcs, les arrêts de bus, les pistes, les chemins piétons, les espaces verts, les fontaines, les supermarchés, les forêts, les rivières, les numéros des voies il y a de quoi passer des nuits blanches. Si au contraire, vous désirez uniquement vous occuper des routes (on commence tous par ça, c'est le plus visible), il faut compter une heure de traitement pour une heure de terrain.

Pour effectuer ce travail, il existe des outils dont le fameux JOSM (Java OpenStreetMap). Il permet d'insérer des informations dans la base de données OSM de manière simple. C'est un outil assez intuitif mais assez précis et efficace. Sa bonne maîtrise permet de traiter rapidement vos données de terrain. On peut également utiliser certains plugins pour faciliter ce travail. Je ne parlerai que d'un seul d'entre eux qui mérite son pesant de cacahuètes.

Il s'agit du plugin cadastre-wms qui permet d'afficher une image du cadastre à l'endroit où vous êtes en train de travailler. Les membres de la communauté OSM ont obtenu de la DGFIP l'autorisation d'utiliser le cadastre disponible sur cadastre.gouv.fr pour faciliter le travail de cartographie dans OSM (cf \la page du wiki OSM sur ce plugin\\_). Dans la pratique, le plugin lance une requête WMS sur un serveur du cadastre et on récupère une image (bitmap). Concrètement, cela permet de vérifier que vos données sont bien projetées. Mais demain, une fois ces données consolidées, nous ne sommes pas encore en mesure de connaître les différentes utilisations possibles d'OSM. À nous d'inventer la suite !

Pour terminer, ces données libres servent les citoyens et permettent d'établir un véritable contre pouvoir. Aujourd'hui, seules certaines sociétés privées ou publiques disposent de ces informations, elles ne sont pas publiquement accessibles (ou pas suffisamment) et nous ne pouvons pas les utiliser pour vérifier, par exemple, les dires de nos politiques ou le bien fondé de telle ou telle opération d'aménagement du territoire. Gageons qu'OSM puisse rendre tout ça possible !

Tout cela ne dépend que de vous tous… Alors, à vos vélos, à vos GPS, et à vos cartes, pour le meilleur…

La prochaine fois, nous rentrerons dans le concret de l'utilisation des données OSM pour réaliser une petite étude de terrain. Avant que cet article soit disponible, il va me falloir terminer de numériser une commune entière avec un bon niveau de détails.