Skyrim sur Nintendo Switchđ
Ok, j'ai terminé le jeu Skyrim sur Nintendo Switch. Comme j'y ai consacré de trÚs/trop nombreuses heures, je me suis dit que ça serait bien que je me raconte cette histoire, pour ne pas oublier.
Il y a quelques annĂ©es, j'avais consacrĂ© quelques cinquantaines d'heures sur Oblivion que j'avais bien aimĂ© (qui m'avait Ă©tĂ© prĂȘtĂ© par un collĂšgue de bureau, sur DVD). Ce qui Ă©tait bien c'Ă©tait que ça tournait facilement sous GNU/Linux Debian avec Wine. J'en avais retenu un univers assez riche, des graphismes pas si mal pour l'Ă©poque ainsi qu'une vraie attention aux dĂ©tails qui font qu'on a envie d'y jouer de maniĂšre assez compulsive.
En 2020, j'ai revu passer Skyrim sous mon radar d'intĂ©rĂȘt. MĂȘme si le jeu est pourtant sorti sur PC en 2011, je me suis dit qu'il Ă©tait temps de voir ce que ça pouvait donner sur cette console que j'ai acquise Ă la fin 2018. L'avantage de la Nintendo Switch, c'est que je peux l'emmener dans le train et jouer Ă peu prĂšs n'importe oĂč. Comme j'ai au moins 1h30 de train par jour, je peux y consacrer un temps assez abondant pendant une semaine de travail (on est Ă presque 8h de jeu par semaine dans le train, ce qui correspond grosso-modo Ă 2 aprĂšs-midi par semaine: pas si mal pour un agenda de quadra des temps modernes).
Alors, qu'est-ce-qui m'a plu dedans ? A vrai dire de nombreuses choses. D'abord, trĂšs rapidement, je me suis pris au jeu: d'un seul coup, les temps de trajets en train sont passĂ©s du stade insupportablement longs avec l'impression de consumer tout son temps libre dans le transport Ă "Mince, on est dĂ©jĂ arrivĂ© !". Rien que ça, ça vaut son pesant de cacahuĂštes et ça Ă©tĂ© une bulle d'oxygĂšne pendant les quelque 2 mois que j'ai consacrĂ©s au jeu. Au moins, le matin ou le soir, j'avais presque hĂąte de monter dans ce foutu train pour y faire quelque-chose qui me fasse plaisir. Et dans les moments pĂ©nibles de retard de transports en communs, je me suis mĂȘme pris au jeu de sortir la Switch sur le quai, plutĂŽt que de prendre mon mal en patience.
Ce qui est prenant sur Skyrim pour un autiste Asperger comme moi, c'est la richesse de l'univers qui a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©. Il y a tout un monde Ă explorer. Chaque personnage, chaque lieu, chaque grotte, chaque objet recĂšle une part de recherche, d'intĂ©rĂȘt, est prĂ©texte Ă une quĂȘte. Dans un premier temps, ça peut sembler overwhelming. Dans les dĂ©buts du jeu, j'avais l'impression de dĂ©clencher une quĂȘte par minute. Moi qui aime bien explorer tout un sujet avant d'en commencer un autre, j'ai vĂ©cu beaucoup de frustration. J'ai rĂ©glĂ© le problĂšme en m'organisant pour dĂ©clencher toutes les quĂȘtes de chaque grande ville dĂ©couverte, les terminer dans la mesure du possible avant de passer Ă une autre citĂ©. Ăa Ă©tĂ© assez payant.
Les gens de l'Ă©quipe de dĂ©veloppement de Skyrim ont vraiment Ă©tĂ© nombreux. J'ai rĂ©alisĂ© prĂšs de 300 quĂȘtes sans ĂȘtre arrivĂ© Ă toutes les terminer, en totalitĂ©. Pour produire autant de richesses et de diversitĂ©, il faut vraiment avoir du temps et des ressources humaines. C'est la signature des jeux de la saga Elder Scrolls. C'Ă©tait d'autant plus riche que la version Switch que j'avais disposait de tous les add-ons disponibles sur PC (Dawnguard et DragonBorn notamment). Au bout de quelques semaines, je me suis dit qu'il fallait surtout garder la quĂȘte principale pour la fin. Ă vrai dire, je l'ai terminĂ©e alors qu'il ne me restait plus que les add-ons Ă faire et l'arc Dark Brotherhood. Je trouve que faire comme ça respecte l'Ă©quilibre du jeu et permet de ne pas avoir l'impression de l'avoir terminĂ© alors qu'il reste encore Ă©normĂ©ment de quĂȘtes et de contenus Ă explorer.
Bien sĂ»r, quand je joue Ă ce genre de jeux vidĂ©os, je me laisse prendre Ă la phase d'accumulation/rĂ©tribution. C'est souvent ce qui est moteur dans ce genre de programmes informatiques: on vous fait poindre des rĂ©compenses qui viendront faciliter le jeu et vous ne pouvez pas vous empĂȘcher de dĂ©sirer ces rĂ©compenses. Alors, vous jouez⊠Ainsi, pour ma part, je me suis fixĂ© comme objectif assez rapidement de disposer des meilleures armes et armures. Ah, oui, car je ne l'ai pas dit mais j'ai choisi d'utiliser les armes physiques plutĂŽt que la magie.
En termes de difficultĂ© par contre, il faut bien avouer que le jeu est assez peu Ă©quilibrĂ© mĂȘme si on sent parfois que l'algorithme d'ajustement essaie de jouer son rĂŽle. Ainsi, au dĂ©but du jeu, on arrive assez facilement Ă se faire une place et Ă progresser. NĂ©anmoins, Ă un moment donnĂ©, on rencontre des personnages trop durs Ă affronter, qui ne pardonnent pas la moindre faute et obligent Ă rĂ©cupĂ©rer une sauvegarde aprĂšs Ă©chec. Puis, passĂ© un certain cap, on commence Ă pouvoir "bloater" tout le monde sauf Ă de rares exceptions prĂšs. Vers la fin de l'Ă©volution, on a des monstres qui arrivent au maximum de leur puissance (des Draught Overlords par exemple). Ils donnent un peu de fil Ă retordre au dĂ©but et puis, Ă un moment donnĂ©, on devient quasiment invincible. C'est le moment oĂč on est capable de tuer un gĂ©ant en 1 ou deux coups de hache ou d'arc (alors qu'au dĂ©but du jeu, on doit mourir 5 Ă 10 fois avant de renoncer).
D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les quĂȘtes sont plutĂŽt longues. Il faut prĂ©voir au moins 2 ou 3 heures de libres pour en rĂ©aliser un ensemble cohĂ©rent. Donc, au bout de 45 minutes, on est frustrĂ©: on a commencĂ© une quĂȘte, juste terminĂ©e avant d'en reprendre une autre qu'on est obligĂ©e de stopper en plein milieu. Skyrim n'est donc pas vraiment compatible avec du casual gaming: il faut avoir du temps Ă y consacrer, sinon, c'est la frustration assurĂ©e. Pour ma part, j'y ai consacrĂ© plusieurs week-ends et ça m'a fait beaucoup de bien. Je n'ai pas du tout vu le temps passer. Vraiment, je ne regrette rien sur ce sujet. J'ai planifiĂ© de jouer Ă 2 jeux AAA en 2020 et Skyrim m'a permis d'atteindre la moitiĂ© de cet objectif.
Dans tout ça, que vaut la version Switch ? Comme je n'ai jamais joué à d'autres versions que celle-là , ce sera sans doute difficile d'avoir un avis objectif. Disons qu'au niveau graphique, comme je ne l'ai utilisée qu'en mode mobile (en utilisant l'écran qui est fourni avec la console), la qualité était suffisante pour la résolution et la taille de l'écran.
Ce qui est sans doute un plus, c'est que les commandes exploitent, dans certains cas, les fonctions d'accĂ©lĂ©romĂštres internes des Joycons. De fait, on peut viser Ă l'arc en positionnant la console dans l'espace, comme si on tenait le viseur entre ses mains. Ăa donne sans doute plus de rĂ©alisme et de prĂ©cision qu'Ă la souris. Sans surprise, c'est l'arc que j'ai favorisĂ© sur ce mode de commande. AprĂšs tout, je me suis dit qu'il fallait tuer des dragons et que le meilleur moyen serait sans doute de les attaquer Ă distance, avec un arc. Effectivement, j'ai rapidement atteint le niveau maximum de l'arc et lĂ , j'ai approchĂ© l'invincibilitĂ©. Une fois que vous avez dĂ©clenchĂ© l'option qui permet de ralentir le temps en visant, vous avez franchi un grand pas dans le jeu (et ça peut arriver assez tĂŽt si vous le gĂ©rez bien).
En termes de reproches, je dirais que la version Switch est un poil lente sur les temps de chargement des scĂšnes. PortĂ© par le feu de l'action on ne s'en rend pas forcĂ©ment compte tout de suite. Mais, je me suis mis Ă chronomĂ©trer l'accĂšs Ă certaines scĂšnes de lieux que j'avais l'habitude de frĂ©quenter et on est dans le domaine de la vingtaine de secondes, ce qui est loin d'ĂȘtre nĂ©gligeable. DĂ©jĂ que le jeux met bien 3 Ă 4 minutes pour se charger et ĂȘtre utilisable, vraiment, le temps d'attente est particuliĂšrement long. Mais, en phase de jeu, ce n'est pas forcĂ©ment un problĂšme car bien souvent dans Skyrim, on a besoin de pauses pour rĂ©flĂ©chir. Peut-ĂȘtre pas de 20 secondes mais couper l'action de temps en temps fait du bien.
Autre reproche: c'est que ça bouffe des batteries ce jeu ! Typiquement, je devais disposer d'à peine 3h d'autonomie. Sur 2 mois, je crois que ma batterie a bien morflé. Mais je ne regrette rien, ça valait bien la peine.
En conclusions, je dirais que j'ai passĂ© un agrĂ©able moment sur Skyrim. Je n'ai pas tout terminĂ©, j'ai juste atteint les objectifs que je m'Ă©tais fixĂ©s et je vous conseille de faire pareil: cela vous Ă©vitera de passer trop de temps sur le jeu et d'en ressortir avec le sentiment que vous y avez perdu une partie de votre temps libre (le bien le plus prĂ©cieux de cette planĂšte). En termes d'intĂ©gration, c'est trĂšs prenant. En quelques minutes, on oublie qui on est rĂ©ellement, le monde extĂ©rieur disparaĂźt. Ne reste que le monde de Skyrim, avec toutes ses quĂȘtes et personnages.
Mais avec tout ça, vous allez me dire: qu'est-ce-que tu peux bien foutre Ă plus de 40 piges Ă jouer Ă des jeux vidĂ©os pour les gosses ? Ce Ă quoi je rĂ©pondrais mĂ©thodiquement: d'abord, je fais ce que je veux ! Comme je l'ai dit, ça m'a beaucoup aidĂ© Ă me faire oublier les contraintes du commuting qui me pĂšse de plus en plus avec le temps (ça fait prĂšs de 6 annĂ©es que je passe plus de 15h par semaine dans les transports, juste pour aller travailler). Ensuite, il ne faut pas oublier que les jeux vidĂ©os pour les gosses, je suis tombĂ© dedans quand j'Ă©tais gosse justement. Il faut croire que c'est comme le vĂ©lo: une fois que tu as pratiquĂ©, tu peux le faire toute ta vie. Enfin, Skyrim est clairement un jeu pour adultes: c'est du cinĂ©ma interactif tant au niveau du scĂ©nario qu'on peut construire Ă sa guise, qu'au niveau de la prise en main et du rĂ©alisme graphique. Un peu comme si on construisait son film avec le matĂ©riel mis Ă disposition par les dĂ©veloppeurs. Cette potentialitĂ© crĂ©ative n'est clairement pas adressĂ©e uniquement aux enfants, mais s'ouvre Ă tous. Pourquoi s'en Ă©carter ? Sans doute par prĂ©-jugĂ©s ou par principes moraux dĂ©faillants. Dans tous les cas si vous avez envie de jouer aux jeux vidĂ©os et que ça vous fait du bien, n'hĂ©sitez pas Ă pratiquer. Ăa vaut n'importe quel autre loisir. Et puis, Ă 40 piges, personne n'a plus le droit de vous imposer les loisirs que vous devriez pratiquer, n'est-ce pas ?